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BLACK NIGHTS 2023 Critics’ Picks

Critique : Pelikan Blue

par 

- Dans ce documentaire d'animation plein de tension, László Csaki livre le récit nostalgique des voyages et aventures de trois amis hongrois au début des années 1990

Critique : Pelikan Blue

"Il y a un parfum de liberté dans l’air…" Dans un contexte est-européen, cette phrase invoque clairement la fin des années 1980 et le début des années 1990, quand les pays communistes enserrés dans le bloc soviétique se sont mis à s'ouvrir aux marchandises capitalistes de l'Ouest et à sa manière de vivre, ce qui comprenait la liberté de voyager, conçue comme un ingrédient essentiel pour permettre aux jeunes gens de se familiariser avec le vaste monde, au-delà des frontières de leur pays. Mais est-ce qu’une jeune personne qui se languit de vivre sa vie pleinement peut le faire si ses ressources sont modestes ?

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À partir d’une idée du producteur du Fils de Saul [+lire aussi :
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interview : László Rajk
fiche film
]
, Gábor Sipos, et de Gábor Szentpáli,  ainsi que d'interviews audio réalisées dans les années 2010, le réalisateur et animateur László Csaki a composé un documentaire d'animation unique qui pourrait servir de réponse à la question formulée plus haut. Pelikan Blue a fait l'ouverture de la section à concours Critics’ Picks du Festival Black Nights de Tallinn et semble prêt à partir à la conquête du monde des festivals de cinéma.

Par un petit récit rapide qu'on entend tandis que défilent les images, qui proviennent de différentes approches de l’animation et comprennent même de courts éclats de films d’archives, le narrateur nous donne brièvement quelques détails sur le fond de l’histoire avant de nous présenter les trois personnages principaux, de jeunes hommes appelés Ákos, Petya et Laci. Ils voulaient aller à l’ouest mais n'avaient pas d’argent, jusqu'à ce qu'une bonne opportunité se présente sous la forme de la réalisation manuscrite, par les Chemins de fer hongrois, des billets internationaux : ils étaient tous écrits à la main sur du papier, et le papier carbone auquel se réfère le titre servait à faire des copies, qui n'étaient protégées que par des timbres. Guidés par l'esprit analytique et scientifique d’Akos, le trio a imaginé un stratagème (ne nécessitant que du papier indigo lavé et des timbres falsifiés) pour fabriquer de faux billets de train internationaux.

Leur premier voyage en Scandinavie s'étant passé sans accrocs, les amis ont continué de s'offrir des voyages partout en Europe de l’Ouest pendant tout le début des années 1990, sauf que la chose s'est ébruitée. Comme leur ami Rozi, muni de sa propre liste de clients, faisait pression, et aiguillonnés par ailleurs par le désir de Petya d'aider une fille qui lui plaisait, leur opération est d’abord devenue une "service" clandestin réservé aux amis, puis une entreprise à grande échelle assez lucrative, de sorte qu'elle a attiré l'attention des contrôleurs et de la police.

En combinant une base documentaire, une approche animée et un certain recours aux piliers du cinéma de fiction, Csaki prend le meilleur de ces trois mondes et les allie avec aise pour raconter une histoire magnifique, nostalgique et qui fait chaud au coeur. Tout en alternant entre deux lignes temporelles (une située dans les années 1980 et 1990, une dans les années 2010), il laisse assez de place à la réflexion. Comme la narration rapide est la méthode principale employée pour relater l'intrigue, l’animation était en fait la seule manière de procéder. Mêler une base en 2D à de l'animation de figurines et à des images d’archives sert très bien les objectifs du film, et l'attention portée par l'équipe des animateurs aux détails d'époque, comme les changements de modes et de décors dans cette phase de transition, est tout simplement extraordinaire. Le passage du temps est également exprimé par la bande originale, qui le souligne en puisant dans les différents genres de musique pop qui ont vu le jour tout au long des années 1990.

Pelikan Blue, assemblé de main de maître par Daniel Szabó et compressé de manière à arriver à une durée plaisante de moins de 80 minutes, est le genre de film qui colle sur le visage du spectateur un sourire qui ne s'en va plus. Ce film a le pouvoir de nous faire croire qu'il n'y a pas si longtemps, le monde était bien mieux.

Pelikan Blue a été produit par les sociétés hongroises Umbrella et Cinemon Entertainment.

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(Traduit de l'anglais)

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