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IFFR 2024 Bright Future

Critique : 78 Days

par 

- Grâce à l'approche bien pensée et cohérente qu'elle a choisie, Emilija Gašić arrive à faire de son premier long-métrage une capsule temporelle d'humeur changeante, émouvante et sincère

Critique : 78 Days
Jelena Đokić, Goran Bogdan, Milica Gicić, Tamara Gajović et Viktorija Vasiljević dans 78 Days

En Serbie, quand quelqu’un dit "pendant la guerre", cela renvoie à la campagne aérienne de l'OTAN au-dessus de la République fédérale de Yougoslavie, en 1999, et non aux autres guerres des années 1990, strictement définies par les territoires sur lesquels elles ont été combattues. Parmi la population, différents groupes de gens ont différents souvenirs de la période de 78 jours, au printemps, qu'a duré la guerre susmentionnées : les hommes adultes, surtout ceux qui avaient récemment fait leur service militaire, étaient mobilisés ou craignaient de l’être ; les femmes et les hommes âgés avaient du mal à survivre dans cette nouvelle situation incertaine ; les élèves d’école primaire et secondaire se souviennent surtout de l’abondance le temps libre qu'ils ont eu pendant ces vacances inopinées de trois mois, au printemps, suivies des vacances d’été habituelles, de deux mois.

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D’une certaine manière, cette période a été assez similaire au confinement de 2020, qui a commencé à la fin de l'hiver pour se pousuivre tout le printemps et a imposé aux gens une oisiveté assez déplaisante : la pandémie mondiale a donné aux gens l'illusion qu’ils restaient ensemble en ligne, tout en étant isolés dans leurs cellules familiales respectives. Les événements du printemps 1999 ont donné aux gens l'illusion d'être réunis dans un pays isolé. Le documentariste Marko Grba Singh a déjà traité des parallèles entre les deux périodes dans Rampart [+lire aussi :
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(2021), en mêlant des vidéos familiales avec des images nouvellement filmées. Dans 78 Days [+lire aussi :
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, son premier long-métrage, qui vient de faire sa première dans la section Bright Future de Rotterdam, Emilija Gašić utilise également le format vidéo domestique, sur cassettes Hi8, mais pour raconter l’histoire fictionnelle de trois sœurs vivant dans la province serbe pendant le printemps 1999. 

Comme leur père (l’acteur croate Goran Bogdan canalisant ici l'énergie "homme comme tout le monde" qui est sa signature) a été mobilisé et que leur mère (Jelena Đokić, aperçue dans Celts [+lire aussi :
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) doit s'occuper seule de toute la maisonnée, les trois soeurs, Sonja, Dragana et Tijana (incarnées respectivement par les débutantes Milica Gicić, Tamara Gajević et Viktorija Vasiljević), se mettent à filmer leurs journées sur le caméscope familial, enregistrant par-dessus des vidéos plus anciennes. L’arrivée de Belgrade, dans la maison d'à-côté, du jeune Mladen (Pavle Čemerikić, connu pour The Load [+lire aussi :
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) et sa soeur Lela (Maša Ćirović) va troubler la dynamique qu'il y a entre elles. Alors que Tijana, charmant petit dictateur, et Lela deviennent rapidement les meilleures des amies, les deux aînées de cette dernière ont un moins bon rapport entre elles, car elles s’intéressent toutes les deux à Mladen. La paresse de leurs journées idylliques est parfois interrompue par le bruit d’avions survolant l'endroit et de sirènes avertissant de raids, rappelant aux personnages, et au spectateur, que la guerre n’est pas un concept abstrait qui n’arrive qu’aux autres.

Dans ce film, Gašić essaie de reconstituer ses souvenirs d’enfance et ceux de sa génération à travers une ambiance "found footage". Elle y parvient très bien grâce à un casting parfait réunissant des acteurs non-professionnels dans les rôles principaux et de vrais comédiens dans les rôles secondaires, et en recourant tout du long, pour les images, à la technologie vintage. Les assemblages qu'elle obtient de cette manière sont parfaits, car les acteurs sont totalement assortis au décor, minutieusement composé par Maja Đuričić et complété par les costumes de Senka Radivojević. Les images filmées par les acteurs eux-même ont été très soigneusement combinées avec celles tournées par la cheffe opératrice Inés Gowland. Le tout est rehaussé par le design sonore discret de Dora Filipović et des astuces de montage percutantes de la part de Jovana Filipović. 78 Days est une capsule temporelle d'humeur changeante mais émouvante et sincère qui nous ramène à un moment très particulier dans un endroit très particulier.

78 Days a été produit par la société serbe Set Sail Films. Les ventes internationales du film sont assurées par Lights On.

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(Traduit de l'anglais)

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