04/04/2024 - Luis Zahera, flanqué de Javier Gutiérrez, est tellement formidable dans le premier rôle de ce road movie transeuropéen de Pau Durà qu'on peut avancer qu'il lui vaudra une nominations aux Goya

Impressionnant : ainsi peut-on qualifier le travail de Luis Zahera dans Pájaros [+lire aussi :
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fiche film], le troisième film comme réalisateur de l'acteur Pau Durà (après Formentera Lady [+lire aussi :
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fiche film] et Toscana), présenté en compétition au dernier Festival de Malaga et à l'affiche en Espagne dès demain 5 avril, distribué par Filmax. Quiconque a vu le comédien galicien incarner des types chargés de testostérone et d'adrénaline, par exemple dans El reino [+lire aussi :
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fiche film] de Rodrigo Sorogoyen, n'en reviendra pas de le découvrir dans ce nouveau travail. En complicité avec son compagnon d'affiche, Javier Gutiérrez (qu'on a vu récemment, déjà au volant, dans Honeymoon), il élève ce road movie, tourné dans de beaux paysages espagnols, italiens et roumains, à un niveau de sensibilité pas évident à atteindre dans une tragicomédie.

L'intrigue s'articule autour de Colombo (Gutiérrez), qui travaille dans un garage ouvert 24h/24 qui complète son maigre salaire en dealant de la marijuana. Mario (Luis Zahera) est quant à lui un adepte d'ornithologie qui fait irruption un beau jour et l'embauche comme chauffeur pour aller voir des grues sur la Costa Brava, car lui-même panique quand il conduit. Hélas, en arrivant à destination, ils se rendent compte que les volatiles ont changé de trajet migratoire et bifurqué vers le delta du Danube... or Mario est prêt à y aller par tous les moyens, donc au prix que lui demandera son compagnon de route.

Ains, le film se met non seulement à parcourir les routes d'Europe, mais à tourner au film de copains où deux types d'âge mûr assez perdus vont devoir apprendre à s'accepter l'un l'autre, à se connaître et à s'entraider. Cette description pourrait évoquer un film "touchant" comme on en a vu tant d'autres (les exemples de duo improbables réunis à l'écran sont nombreux, des duos de flics ou de journalistes aux cowboys), mais l'humour ironique du film couplé aux interprétations de haut vol des deux acteurs (ce rôle a valu à Zahera la Biznaga d'argent de la meilleure interprétation masculine à Malaga) permet d'atteindre un gros niveau d'émotion et d'empathie, malgré une musique trop présente et trop emphatique.

Pájaros dépeint ainsi deux gars pas si durs que ça qui essaient de s'échapper de leurs cages respectives, alors qu'en fait ils les portent avec eux, l'une étant un sentiment traumatisant de culpabilité, l'autre une irresponsabilité/immaturité non-acceptée. Leur voyage ensemble sera physique (ils vont traverser différents pays), mais surtout introspectif : ils vont être mis à l'épreuve et changer comme ils ne l'auraient jamais fait s'ils ne s'étaient envolés de leur nid.

Dans un climat teinté de mélancolie tout du long, la comédie et le drame voyagent avec ces antihéros qui vont finir (car, comme le veut la sagesse populaire, on s'attache, à force de se côtoyer) par faire des choses plus intéressantes que se soulager au bord de la route.

Pájaros a été produit par les sociétés espagnoles Fosca Films, Icónica Producciones et Tandem Films en coproduction avec la roumaine Saga Film. Les ventes internationales du film sont gérées par Filmax.

(Traduit de l'espagnol)