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FILMS / CRITIQUES Belgique / Canada

Critique : Retro Therapy (Colocs de choc)

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- Avec son premier long métrage, Elodie Lelu livre une comédie nostalgique sur le délicat mais riche dialogue entre les générations, sur fond de maladie et de lutte féministe

Critique : Retro Therapy (Colocs de choc)
Hélène Vincent et Fantine Harduin dans Retro Therapy (Colocs de choc)

Elodie Lelu dresse avec son premier long métrage Retro Therapy (Colocs de choc), le double portrait d’une jeune femme qui cherche à appréhender sa féminité sans modèle maternel et d’une vieille femme guettée par la démence qui revisite sa jeunesse envolée et se nourrit de ses combats passés. Le film, distribué ce 15 mai en Belgique par Distri 7 et le 22 mai prochain en France par Daisy Day Films, (sous le titre Colocs de choc) suit l’histoire de Manon, une adolescente introvertie de 16 ans, qui se voit obligée de cohabiter avec son insupportable grand-mère Yvonne, une ex-militante féministe qui ne peut plus vivre seule. La situation se corse quand Yvonne, confuse, commence à prendre Manon pour sa fille. Manon va entrer par jeu dans les délires d’Yvonne et rejouer le rôle de sa mère qu’elle n’a presque pas connue. C’est l’occasion pour elle de découvrir la véritable histoire des femmes de sa famille et d’apprendre, à son tour, à en devenir une.

Le film débute dans les rayons d’un supermarché désert… Alors que bourdonnent les bruits de la nuit, Yvonne fait ses courses, seule. Il faut dire qu’Yvonne est atteinte d’Alzheimer, apprennent par la police qui les appelle Manon et son père, qui ont rompu le lien avec cette grand-mère acariâtre. Yvonne vit dans le passé. Sa maison est un véritable mausolée des luttes féministes menées dans les années 70. Elle semble pleurer cette époque, et pleurer sa fille, Colette, disparue trop tôt. Désormais incapable de faire face au quotidien, elle va devoir accueillir chez elle un peu à contrecoeur sa petite-fille et son ex-gendre.

Ce regroupement familial involontaire est vu à travers les yeux de Manon. La jeune fille, au fil de cette cohabitation surprenante à bien des égards, va découvrir tout à la fois sa propre féminité, et cette vérité universelle mais bien cachée : même les parents ont eu une jeunesse. Pour Yvonne, revivre ses souvenirs a une vertu thérapeutique. Alors Manon va petit à petit endosser le costume de sa mère, enfiler ses vêtements, et replonger dans son adolescence, pour accompagner sa grand-mère, se reconnecter avec une mère disparue trop jeune, et se découvrir elle-même. Elle va en apprendre plus sur cette femme qu’elle va rencontrer par ce jeu de rôle inattendu.

Le film brasse de belles thématiques, l’importance de la transmission entre femmes, la compatibilité entre les rêves de jeunesse et la parentalité, l’accompagnement des aînés dans la maladie, la joie de la militance, le lien intergénérationnel, notamment à travers la musique. Il est cependant timide quand il s’agit de lever le voile sur les aspérités de la maladie comme de l’adolescence. La caisse de résonance entre les périodes de lutte créée par le combat de Manon et sa meilleure amie pour le doigt à porter ce qu’elles veulent à l’école aurait pu être un consolidée en allant au-delà de cette révolte lycéenne, en ancrant plus le film dans sa modernité.

C’est la jeune Fantine Harduin, à la carrière déjà longue, puisqu’on l’a vue dans Happy End [+lire aussi :
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, Dans la brume [+lire aussi :
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, qui porte ce coming of age. Elle est entourée par Hélène Vincent dans le rôle d’Yvonne, et Olivier Gourmet dans celui de son père.

Le film est produit par Iota Production (Belgique), et coproduit par A Private View (Belgique) et Camera Oscura (Canada). Be for Films s’occupe des ventes internationales.

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