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CANNES 2024 Un Certain Regard

Critique : On Becoming a Guinea Fowl

par 

- CANNES 2024 : Rungano Nyoni n'a pas peur de se salir les mains, surtout quand il s'agit de fouiller le passé

Critique : On Becoming a Guinea Fowl
Susan Chardy dans On Becoming a Guinea Fowl

Cannes, ou plutôt les réalisateurs qui y présentent leurs travaux cette année, ont décidé de traiter de front les abus sexuels, cette année. Du court-métrage Moi aussi de Judith Godrèche et de l'activisme de la comédienne (qui a enfin commencé à vraiment changer les choses dans le panorama français, jusque là assez rétif à s'engouffrer dans le mouvement #MeToo, et qui va certainement continuer d'avoir des conséquences) à Julie Keeps Quiet [+lire aussi :
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, le moment est venu de hurler. Bien fort, comme une pintade (guinea fowl en anglais, ndlt.).

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Le récit zambien On Becoming a Guinea Fowl [+lire aussi :
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de Rungano Nyoni, présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, surprend néanmoins : il aborde les péchés d’un homme dont d'autres continuent de faire les frais, mais pose aussi un regard très lucide sur la manière dont ce genre de choses continue de se produire, encore et encore. Il y a un système de soutien en place : pas pour les victimes, mais pour le coupable. C’est lui qui a le pouvoir, toujours, même mort, et il n'y a pas que des hommes qui s'efforcent de maintenir cet état de fait : certaines femmes y contribuent tout autant.

Avant que les choses ne s’aggravent, l'heure est à la fête. Shula (Susan Chardy) conduit sa voiture, en tenue de soirée, avec un masque pailleté et le genre de costume bouffant qu'il faut voir pour le croire. La musique est dynamique, la vie est belle, mais soudain, elle s'arrête en chemin. On est en pleine nuit, et il y a un homme allongé sur la route.

C’est son oncle Fred, et il est mort. Au début, c’est assez drôle (on lui conseille de l'asperger d'eau). Sa cousine (une Elisabeth Chisela géniale) arrive, ivre, qui sème la zizanie et danse, et comme il y a apparemment un bordel non loin, on peut imaginer que leur cher oncle est mort "heureux". Sauf que personne n'est heureux ici, et surtout pas ces jeunes femmes. On leur a demandé de garder trop de secrets, et à présent elles s'y noient. L'inondation est proche.

Passer d'une ambiance fantastique à un réalisme très sombre n’est pas facile. Nyoni ne va pas aussi loi que, disons, Augure [+lire aussi :
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, mais On Becoming a Guinea Fowl reste assez singulier. Tandis que la famille prépare l’enterrement, toutes sortes de secrets rampants sortent de l'ombre. Des histoires sont racontées, puis re-racontée, parce que la vérité n’était pas assez divertissante pour une anecdote de soûlerie amusante. Bientôt, tout le monde pleure, pour les apparences, tout le monde sauf Shula. Et Et Nsansa, et Bupe, et la veuve d'oncle Fred, qu'on blâme pour sa mort, qui serait maintenant liée, on ne sait pas bien comment, à ses piètres talents de cuisinière ou son manque de qualités domestiques. Il faut dire qu'elle avait onze ans, quand ils se sont rencontrés.

Le premier long-métrage de Nyoni, I Am Not a Witch [+lire aussi :
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, était déjà formidable, et à présent, elle essaie quelque chose de différent, tout en restant critique de la tradition, qui bien souvent ne sert qu'un petit groupe de personnes. Shula regarde le spectacle fou autour d’elle, mais elle ne peut pas faire grand-chose. Au lieu de ça, elle se remémore constamment une vieille émission pour enfants qu’elle regardait quand elle était petite. Parfois, oncle Fred était dans les parages aussi – il était notamment là pendant un épisode particulièrement intéressant. Les pintades sont très utiles pour tous les autres animaux dans la nature, disait l'émission. Elles ne se taisent jamais et crient dès qu'un danger approche. Ça n'hurle pas tant que ça dans ce film, diront certains, mais ne vous y trompez pas : ce film est fou de rage, et il ne va plus le tolérer.

On Becoming a Guinea Fowl a été produit par Element Pictures (Irlande), BBC Film et Fremantle (Royaume-Uni) et A24 Films (États-Unis), qui s’occupe aussi des ventes internationales du film.

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(Traduit de l'anglais)

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