email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2024 Semaine de la Critique

Critique : Julie Keeps Quiet

par 

- CANNES 2024 : Avec son premier long métrage, le jeune cinéaste belge Leonardo van Dijl livre le portrait intime et très réussi d’une jeune athlète confrontée à un choix douloureux

Critique : Julie Keeps Quiet
Tessa Van den Broeck dans Julie Keeps Quiet

Leonardo van Dijl s’est fait remarquer sur la scène internationale en 2020 avec son court métrage Stéphanie, portrait d’une très jeune gymnaste qui lui avait valu une sélection en Compétition au Festival de Cannes. Il revient avec Julie Keeps Quiet [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Leonardo van Dijl
fiche film
]
, nouveau portrait intime et délicat d’une jeune sportive acculée par la complexité des enjeux de domination que peuvent provoquer le sport de haut niveau, et qui lui vaut cette fois-ci une sélection en compétition à la Semaine de la Critique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Julie est la joueuse vedette d’une académie de tennis huppée. Quand son entraîneur est suspendu puis très vite démis de ses fonctions suite au suicide d’une jeune joueuse, tout le club est appelé à témoigner, pour essayer de comprendre. Mais Julie décide de se taire… Alors on s’interroge sur son silence. Malgré elle, on écrit son histoire, on l’imagine, la fantasme, la redoute. Son mutisme laisse place à toutes les interprétations alors qu’elle s’en sert pour préserver les forces qu’elle souhaite diriger vers son jeu, et seulement son jeu. Son énergie, elle la réserve à ses seules ambitions, tant que l’orage gronde, que les conditions ne sont pas réunies pour accueillir une possible parole. Le tumulte assourdissant des rumeurs qui bruissent semble la laisser indifférente, concentrée sur une blessure enfin cicatrisée, un corps qu’elle parvient à dompter.

Le film débute sur un plan fixe, Julie à l’entraînement entre et sort du champ, avec en fond sonore la raquette qui tape la balle, et les bruits blancs du gymnase, sous ses lumières artificielles qui lui confèrent une lumière crépusculaire. Toute la première partie, en écho au silence de Julie, se passe dans une sorte de clair-obscur, des zones de gris créées par les rideaux tirés, les aubes et les débuts de soirées qui rythment son quotidien. La lumière (signée par le chef opérateur "star" Nicolas Karakatsanis) comme le silence est feutrée. Mais à la présence fantôme de l’ancien entraîneur répond peu à peu celle plus solaire du nouvel entraineur, qui se positionnant à la juste distance, permet à Julie de déployer les moyens de trouver son jeu, et sa vérité.

Julie Keeps Quiet traite avec justesse et une vraie intelligence cinématographique de la question de l’abus, de la domination, et de l’emprise, autant de thématiques ultra-contemporaines qui devraient à n’en pas douter agiter le Festival cette année sur les écrans comme hors des écrans. Il entre à ce titre dans une conversation sociétale passionnante, mais vaut aussi pour lui-même, pour son habileté scénaristique, la qualité de sa direction artistique, et last but not least, l’impressionnante prestation de Tessa Van den Broeck, jeune joueuse de tennis dont c’est le premier rôle, et qui nous invite avec mystère et opiniâtreté à entendre et respecter le silence de Julie, pour mieux l’exorciser.

Julie Keeps Quiet est produit par De Wereldvrede, en coproduction avec Les Films du Fleuve, ainsi que les sociétés de production suédoises Hobab et Film i Väst, et la société de production franco-américaine Blue Morning Pictures. New Europe Film Sales gèrera les ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy