email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2024 Un Certain Regard

Critique : The Village Next to Paradise

par 

- CANNES 2024 : Mo Harawe impose son remarquable sens du cadre pour un récit touchant et laconique illustrant les malheurs et la résilience des Somaliens

Critique : The Village Next to Paradise
Ahmed Ali Farah et Ahmed Mohamud Saleban dans The Village Next to Paradise

"On ne connaît pas le mort, il a été tué hier par un drone. On aide, c’est tout - Je travaille pour vous et vous me donnez seulement 50% de l’agent promis. Pourquoi ? Ne m’appelez plus." C’est sur cette dispute sèche autour d’une tombe qui vient juste d’être creusée au milieu de nulle part que commence The Village Next to Paradise, le très maîtrisé premier long métrage du Somalien (installé depuis 15 ans en Autriche) Mo Harawe, présenté au programme Un Certain Regard du 77e Festival de Cannes. Un film prenant tout son temps, dans un écrin visuel de grande qualité, pour faire le portrait, à travers une petite famille de circonstance, d’une Somalie où le présent est très rude, le passé lourd de disparus et l’avenir incertain hormis les sacrifices et la foi nécessaires pour avancer, le tout alors qu’à deux pas les plages sont sublimes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Fossoyeur, mécanicien, chauffeur : Marmagade (Ahmed Ali Farah) accepte tous les boulots, le cas échéant illégaux, pour subvenir aux besoins de son jeune fils, l’écolier Cigaal (Ahmed Mohamud Saleban) qu’il élève seul. Araweelo (Anab Ahmed Ibrahim), la sœur de Marmagade, est venue s’installer avec eux car elle a divorcé (elle n’arrivait pas à avoir d’enfant et a refusé de cohabiter avec une seconde épouse) et économise pour s’offre une petite échoppe. Mais pour cela, elle doit absolument récupérer de l’agent qu’elle a prêté ou obtenir un crédit bancaire, ce qui n’est pas une sinécure. Quant à Marmagade, il doit prendre une décision : l’école de Cigaal ferme ses portes par manque de moyens financiers et la directrice suggère, pour ne pas gâcher le potentiel de l’enfant de placer dans un (coûteux) internat en ville. Une séparation qui ne sera facile ni pour le fils, ni pour son père.

Parents décédés dans des chavirages de barques provoqués par les bateaux internationaux pêchant illégalement dans les eaux somaliennes et les prenant pour des pirates, ou à cause des produits chimiques ayant pollué la côte somalienne dans les années 90, attentats suicides, drones et trafic d’armes, extrême pauvreté et emplois rares : un chape de plomb fataliste règne ("cela n’a pas de sens d’avoir des enfants, ils meurent jeunes") sous le soleil, mais "il y aura des jours meilleurs, on traversera ça comme une famille." Un tableau que Mo Harawe détaille avec simplicité et précision au rythme émotionnel ralenti d’un pays où les échanges sont très contenus, ce dont le cinéaste tire parti grâce au charisme de ses trois interprètes principaux (tous non-professionnels) et à des cadres magnifiquement composés par Mostafa El Kashef.

The Village Next to Paradise a été produit par FreibeuterFilm (Autriche) avec Kazak Productions (France), NiKo Film (Allemagne) et Maanmaal (Somalie). Le film est vendu à l’international par Totem Films.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy