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CANNES 2024 Semaine de la Critique

Critique : La Mer au loin

par 

- CANNES 2024 : Saïd Hamich Benlarbi dépeint le parcours animé et émouvant d’un jeune Maghrébin qui va faire sa vie en France

Critique : La Mer au loin
Ayoub Gretaa dans La Mer au loin

La Mer au loin [+lire aussi :
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interview : Saïd Hamich Benlarbi
fiche film
]
, divisé en trois chapitres, chacun portant le nom d’un des personnages principaux de l’histoire, a fait sa première parmi les séances spéciales de la Semaine de la Critique du 77e Festival de Cannes. Ce récit qui se déploie sur une décennie, et suit un jeune homme marocain qui cherche à faire sa vie en France, est le deuxième long-métrage de Saïd Hamich Benlarbi, après Retour à Bollène [+lire aussi :
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fiche film
]
(2018).

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Dans ce premier film, le réalisateur, lui-même franco-marocain, s'intéressait à une autre jeune personne déchirée entre ses racines maghrébines, son enfance dans le sud-est de la France (dans une région de plus en plus de droite), son déplacement à Abou Dhabi et sa relation avec sa petite amie américaine. Si le film a été encensé et primé plusieurs fois, certains critiques ont trouvé le film un tantinet exalté et se sont accordé à dire qu'il ne faisait qu'effleurer la surface d'un sujet intéressant. Non seulement La Mer au loin se rattrape, mais il relance de dix. Bien écrit, bien mis en scène, bien casté et bien joué sont les attributs qu'on remarque au film tandis qu'il nous embarque dans le parcours de Nour à travers son époque.

De manière tout à fait logique et naturelle, Nour (dont Ayoub Gretaa, pour la première fois sur le grand écran, livre une incarnation impressionnante) a droit au premier chapitre, sous-titré "1990". On le trouve à Marseille avec une bande de compatriotes insouciants qui sont aussi arrivés illégalement (imaginez un groupe dans le style des Vitelloni de Fellini, et la bande originale de Nino Rota remplacée par de riches rythmes de raï) qui vivent au jour le jour, généralement de petite criminalité. Inévitablement, ce genre d’activités à un prix, et un jour, le groupe insouciant se fait prendre : une amie de Nour est ramenée de force dans sa famille, un autre opte pour le mariage arrangé, une troisième trouve un petit ami local, un quatrième obtient un boulot dans une ferme. Nour se retrouve ainsi seul, désemparé, sans papiers et sans le sou, littéralement dans la rue, sous la pluie.

"Serge" est le deuxième chapitre. C’est le nom du policier qui a arrêté la bande et fait montre d'une indulgence inattendue avec Nour. À présent, sous le sous-titre "1992", il refait la même chose, l’emmène chez lui rencontrer sa femme et son fils, lui offre de la soupe chaude et un lit propre et lui trouve une chambre au-dessus d’un club de drag queens. Serge (le toujours très regardable Grégoire Colin) aime assez la compagnie des hommes, une préférence que sa femme, l'attirante Noémie (Anna Mouglalis, rarement aussi excellente) accepte avec un pragmatisme stoïque.

"Noémie" est le nom du troisième chapitre du parcours mouvementé et émouvant de Nour de l’exil à l’existence. On y voit une scène de retour qui révèle des strates supplémentaires, tendres mais aussi amer, sur sa vie de l'autre côté de la Méditerranée. Le scénariste-réalisateur, humaniste, aime clairement ses personnages et se soucie, sans hésiter et en profondeur, de leur sort, ce qui fait à la fois authentique et parfois un peu trop bien pour être vrai, comme les complexités de la vie peuvent effectivement l'être.

La Mer au loin a été produit par Barny Production (France) en coproduction avec Mont Fleuri Production (Maroc) et Tarantula Belgique. Les ventes internationales du film sont assurée par Indie Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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