21/05/2024 - CANNES 2024 : Noémie Merlant présente un deuxième long-métrage réalisé de main sûre qui mêle comédie, drame et horreur, avec quelques éléments surnaturels, pour un résultat délicieux

Sanda Codreanu, Souheila Yacoub et Noémie Merlant dans Les Femmes au balcon

"Appelle le SAMU, j'ai peur d'avoir du mal à cacher ma joie" n'est pas une phrase qu’on s'attend à entendre dans la bouche de quelqu'un qui vient de commettre un meurtre par légitime défense. Denise (Nadège Beausson-Diagne), hilare, se confie à sa voisine Nicole (Sanda Codreanu) sur la mort "accidentelle" de son mari violent, qu’on voit au début des Femmes au balcon [+lire aussi :
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interview : Noémie Merlant
fiche film], le deuxième long-métrage de Noémie Merlant comme réalisatrice, qui vient de faire sa première parmi les séances de minuit de Cannes.

La comédienne-scénariste-réalisatrice avait présenté sa vision nuancée de la sororité et des relations homme-femme dans son premier long-métrage, Mi Iubita Mon Amour [+lire aussi :
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fiche film], sélectionné à Cannes parmi les séances spéciales. À présent, elle montre vraiment de quoi elle est capable, sans avoir froid aux yeux, avec beaucoup de talent. Les Femmes au balcon mêle comédie, drame et horreur avec des éléments surnaturels, et le résultat est délicieux. Le film, qui aborde des sujets comme la violence de genre, est l'expression d'une des approches artistiques les plus distinguées proposées cette année sur la Croisette.

Mais ce n’est pas tout : ce que fait Merlant avec ce film n’est pas seulement courageux, c’est aussi très facétieux. En tant que réalisatrice, elle parvient à être politiquement incisive et imaginative en racontant l’histoire de trois copines confrontées à un abus sexuel pendant une vague de chaleur au sud de la France. Dès le tout premier plan, il est évident que Marseille est un endroit dont on peut tomber amoureux, tel qu'on le découvre grâce à des grues qui balaient joliment les fenêtres et balcons de l'immeuble des filles, avec ses volets bleus typiques. La cheffe opératrice Evgenia Alexandrova (Mi Iubita Mon Amour, Sans coeur [+lire aussi :
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fiche film]) utilise tous les instruments à sa disposition pour que les images rendent les dichotomies intérieurs-extérieurs et distance-proximité avec un dynamisme convaincant tandis qu'elle alterne entre les gros plans caméra à l'épaule et des travellings qui plongent dans les scènes, dans les appartements.

Le premier est celui que partage Nicole avec son amie Ruby (Souheila Yacoub). Elles forment un intrigant duo : tandis que Nicole rêvasse et rédige des paragraphes érotiques sur le voisin d’en face, qu'elle voit à travers sa fenêtre (Lucas Bravo de Emily in Paris), Ruby est cam girl : le sexe est son métier, et la sexualité son mode d’expression. En cette journée d'été écrasante de chaleur, leur camarade comédienne Élise (Merlant) débarque à l'improviste. Elle sort de sa voiture et court vers l'appartement dans un costume de Marilyn Monroe, désemparée : elle vient de descendre de Paris en voiture après s’être disputée avec son mari (qui, déjà là, ne fait pas bon effet). À partir de là, l’intrigue peut commencer de se déployer et les développements dingues de se succéder – dont la plupart impliquent le beau voisin, dont on ignore le nom, mais peut-être pouvez-vous deviner si c’est un brave homme ou pas ?

Le film a la même urgence et la même ouverture que ceux de Céline Sciamma (qui a collaboré avec Marion sur le scénario), tout en restant très nettement ancré dans la vision artistique singulière de l’actrice et réalisatrice, sur une féminité flamboyante et courageuse. Tout au long des Femmes au balcon, préparez-vous à rire et être scié, à applaudir et encourager, car cette célébration joyeuse de l’amitié entre femmes prend tous les tournants les plus surprenants possibles. Une partie de corps (masculine) improbable au freezer, une live cam tragiquement tranquille, une scène de visite chez le gynécologue ridiculement réaliste et l’espoir d’une rédemption font partie des éléments significatifs du film, qui forment ensemble une histoire que nous, les femmes, ne pouvons jamais raconter seules.

Les Femmes au balcon a été produit par Nord-Ouest Films en coproduction avec France 2 Cinéma. Les ventes internationales du film sont gérées par mk2 films.

(Traduit de l'anglais)