email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2024 Semaine de la Critique

Critique : Animale

par 

- CANNES 2024 : Western moderne et film fantastique métaphorique pour Emma Benestan dans le sillage d’une femme devant se faire une place dans un monde dominé par les hommes

Critique : Animale
Oulaya Amamra dans Animale

"Je t’abreuverai du sang des taureaux", "les taureaux, ça te donne tout, mais ça te prend tout." Dans le décor puissamment suggestif de la Camargue avec ses marais et ses étangs, les manades, ces exploitations de troupeaux de taureaux libres, sont une tradition ancrée de très longue date. Et les "gardians" qui, vivant sur place, s’occupent des bêtes, s’adonnent aussi dans l’arène aux courses camarguaises où les raseteurs (à pied et sans protection) doivent feinter et toucher le front du taureau. Un univers 100% masculin dans lequel la cinéaste française Emma Benestan a décidé de lancer en fiction une héroïne féminine avec son second long métrage Animale [+lire aussi :
interview : Emma Benestan
fiche film
]
, dévoilé en clôture de la Semaine de la Critique du 77e Festival de Cannes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

"Une corne dans le ventre et tu ne pourras plus avoir d’enfants." Sa mère s’inquiète, mais à 22 ans, Nejma (Oulaya Amamra) n’est pas du genre à passer sa vie à attendre à la maison. À la manade de Léonard, elle a appris à se faire respecter des gars avec qui elle travaille ("je sais que vous m’aimez bien, mais j’ai d’autres taureaux à gérer"). Comme eux, elle chevauche, cornaque les taureaux, les marque au fer rouge, plante des clôtures, débourre des juments, passe les soirées autour du feu ou au bar local, et habite seule dans le coin, dans une petite maison isolée. Sa force est reconnue, mais elle doit encore affronter la peur dans l’arène où jamais une fille n’a "raseté". L’épreuve tourne néanmoins court car le taureau en lice se blesse et après une nuit collective d’ébriété avancée, Nejma se réveille dans un état étrange, maladif, comme prise dans une toile d’araignée. Peu à peu, ses sensations s’altèrent et son corps commence à se métamorphoser alors qu’un taureau sème la mort aux alentours…

Cadre camarguais du récit et impressionnants taureaux au pelage noir, rituels de la micro-société d’une manade, intensité physique et rythme du récit, actrice (Oulaya Amamra) et second rôles (Vivien Rodriguez et Damien Rebattel) se donnant à fond : l’audace du film est à souligner et son volet surnaturel à la Minotaure fonctionne (ce qui n’était pas gagné d’avance). En revanche, la dimension métaphorique et le vrai sujet de Animale (no spoiler) sont d’un prévisible tel que l’ensemble en est nettement altéré, la vigueur ne se substituant pas à la subtilité, aussi bonnes les intentions de départ soient-elles.

Animale a été produit par June Films (France) et Frakas Productions (Belgique), et coproduit par France 3 Cinéma, Wild Bunch et la RTBF. Le film est vendu à l’international par Film Constellation.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy