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CANNES 2024 Semaine de la Critique

Critique : Baby

par 

- CANNES 2024 : Dans son nouveau film, Marcelo Caetano accompagne une jeune homme qui cherche ses parents et fréquente un escort boy plus âgé, dans le contexte de la scène urbaine gay de São Paulo

Critique : Baby
João Pedro Mariano et Ricardo Teodoro dans Baby

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, film de la maturité du Brésilien Marcelo Caetano. Son œuvre aborde l'amour queer, l'amitié, et plus encore entre un jeune de 18 ans et son amant de 42 ans, véritable figure paternelle, dans le São Paulo d'aujourd'hui. Le scénario de Caetano et Gabriel Domingues s'inspire de l'esthétique d’un genre de réalisme social gay pour dépeindre un paysage riche à la croisée des chemins entre les deux hommes. Le film vient d'être présenté en avant-première à la Semaine de la Critique de Cannes.

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Après deux ans passés dans un centre de détention pour mineurs, Wellington (João Pedro Mariano) a grandi. Il est devenu un jeune adulte, abandonné par son père, policier alcoolique, qui a quitté la ville avec sa mère. Alors qu’il recherche cette dernière, il est recueilli par Ronaldo (Ricardo Teodoro), un prostitué qui s’entiche du jeune homme aussi bien personnellement que professionnellement. À la fois parent et amant, il prend Wellington sous son aile et l’initie à la prostitution. Sous le nom de Baby, Wellington s’aventure dans l'univers de Ronaldo, avec ses bons côtés, les amitiés qu’il noue avec l’ancienne partenaire de Ronaldo, Priscilla (Ana Flavia Cavalcanti) et la femme de cette dernière, Jana (Bruna Linzmeyer), mais également ses dangers, sa rencontre avec le trafiquant de drogue Torres (Luis Bertazzo), qui lui aussi se prend d’une affection psychosexuelle pour Baby. 

Nos deux héros, dont c'est le premier rôle au cinéma, sont à l'opposé l'un de l'autre, mais ils se mettent mutuellement en valeur : Ronaldo, personnalité endurcie et profil de dieu grec, est face à Wellington, glabre et séduisant. Dans le cadre rafraîchissant de la vie urbaine contemporaine et de toutes ses complexités, la mise en scène de Caetano n’est jamais complaisante, elle peut être parfois discrète même, dans un film où le sexe et la drogue sont omniprésents. Les relations humaines sont bien plus importantes. Mais Baby n’est pas seulement la chronique des déboires du jeune homme, ou un réquisitoire contre la possessivité de Ronaldo à l'égard de l'homme son jeune protégé. Le spectateur peut avoir un aperçu des formes que peut prendre la joie queer, de la famille que Baby s’est choisie, qui va d’un groupe de jeunes homosexuels qui dansent dans la rue pour gagner leur vie à la famille recomposée de Ronaldo et Priscilla et de leur fils.

Le film de Caetano devient le portrait bouleversant des multiples dimensions et générations des homosexuels de São Paulo. Des hommes comme Baby, des hommes comme Ronaldo, et des hommes comme Alexandre (Marcelo Varzea), l’amant de passage de Baby, riche et plus âgé, qui n’a pu révéler son homosexualité que plus tard dans sa vie. Le réalisateur attire également l’attention sur la violence et le harcèlement policiers au Brésil à travers deux échanges compliqués de Baby. En combinant ces deux éléments, le spectateur repart non seulement avec une histoire, mais également avec une vision plus complète de plusieurs vies et moments à São Paulo (être homosexuel, se sentir vivant, échapper à la police ou fêter son anniversaire avec ses amis).

La combinaison de la conception sonore riche en percussions de Lucas Coelho de la bande originale pop très entraînante de Bruno Prado et Caê Rolfsen nous fait comprendre que la situation n’est pas complètement perdue. Chaque homme vit sa vie du mieux qu’il le peut, profitant des moments qu’il partage en tant qu’ami, amant et collègue aussi longtemps que possible.

Baby est une production brésilienne de Cup Filmes et Plateau Produções, coproduite par Still Moving (France), Circe Films BV (Pays-Bas) et Kaap Holland Film (Pays-Bas). Les ventes à l’étranger sont assurées par la société berlinoise m-appeal.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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