23/05/2024 - CANNES 2024 : Karim Aïnouz concocte un film noir amusant et moite tout ce qu'il y a de plus torride

Nataly Rocha, Fábio Assunção et Iago Xavier dans Motel Destino

Attrapez une serpillière et un seau, parce que Karim Aïnouz vient de faire perler la sueur à Cannes avec son thriller sexy Motel Destino [+lire aussi :
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fiche film], présenté en compétition. Ladite compétition a proposé des bides spectaculaires, de l'horreur explosive et une comédie musicale contenant une chanson sur la vaginoplastie, mais elle n’avait pas encore fait dans le sexy.

Ne vous inquiétez pas. Tout est entièrement tourné vers l’érotisme dans l'établissement du titre, où les mineurs ne sont pas autorisés à entrer. Ce n’est pas tout à fait l’hôtel sur lequel les Eagles ont chanté, mais le Motel Destino est de ces endroits dont on pourrait dire “it could be heaven or it could be hell”. Les gens deviennent un peu fous, par cette chaleur, mais il y a des règles, établies par Elias et sa femme Dayana (Fábio Assunção et Nataly Rocha). Enfin jusqu'à ce qu'arrive Heraldo (Iago Xavier), qui essaie de fuir ses problèmes mais s'en crée de nouveaux à la place. Personne n'a jamais transpiré et comploté autant depuis Kathleen Turner et William Hurt dans La Fièvre au corps, et comme forcément, Heraldo et Dayana finissent par coucher, ils se mettent à faire écho à l'échange le plus célèbre du film américain : "Vous n'êtes pas bien malin, hein? J'aime ça chez un homme. –Qu'est-ce que vous aimez d'autre ? Qu'il soit paresseux ? Laid ? Excité ? J'ai tout ça".

Le joli Heraldo ne prend pas les meilleures décisions du monde : ce n'est vraiment pas bonne idée d’aller dans un bar juste après une tentative d’assassinat. C'est d'ailleurs comme ça qu'il se retrouve dans le drôle d’endroit qu'est ce motel, avec une femme qu'il n’a jamais rencontrée avant, qui se sert de lui, le vole et se fait la malle. Heureusement, tout le monde a toujours besoin d’un bon homme à tout faire, et pas seulement dans les intrigues de porno. Alors il reste.

L'intrigue se poursuit, mais ce n’est pas vraiment l’important : Motel Destino cherche avant toute chose à faire ressentir des choses au spectateur, et à ses personnages libidineux. Du reste, qui a l’énergie de faire quoi que ce soit quand l'air est si moite ? C’est un retour en compétition réjouissant et atmosphérique pour Aïnouz, après le drame historique sans intérêt Le Jeu de la Reine, auquel il manquait la magie de La Vie invisible d'Euridice Gusmão [+lire aussi :
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interview : Karim Aïnouz
fiche film]. Avec son nouveau film, il revient bel et bien, y compris dans la région où il a grandi, et peut-être aussi vers d'anciennes fascinations et rêves érotiques oubliés.

Sa collaboratrice régulière, la cheffe opératrice Hélène Louvart, exploite au maximum ce contexte chargé de tension, évoquant un film noir : elle tire profit des néons, des teintes rouges et du soleil de plomb qui expose tout ce que les clients furtifs du motel essaient de cacher. Le désir a une facette sombre, ici, et même les gémissements sont dérangeants : on a du mal à dire si ces gens s'amusent ("C'est rare, d’entendre un homme gémir", dit Elias avant de filer aussi sec enquêter sur la question) ou s'ils supplient qu'on les laisse partir. Heraldo doit nettoyer les chambres, et les restes de tous ces ébats (pour le dire élégamment) ne sont pas plaisants. Les clients cherchent du fantasme, des miroirs au plafond et des serviettes pliées en forme de cygnes, mais la réalité n’est jamais bien loin. Pas plus que les ânes qui copulent, bizarrement.

Ce motel, tout comme les gens qui y séjournent brièvement, n'est pas de première fraîcheur. Et qu'est-ce que ça peut bien faire ? "You can check out any time you like, but you can never leave."

Motel Destino est une coproduction franco-germano-brésilienne qui a réuni les efforts de Cinema Inflamavel, Gullane, The Match Factory Productions, Globo Filmes, Maneki Films, Telecine Brazil et Canal Brazil. Les ventes internationales du film sont gérées par The Match Factory.

(Traduit de l'anglais)

Galerie de photo 23/05/2024 : Cannes 2024 - Motel Destino

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Karim Aïnouz, Iago Xavier, Nataly Rocha
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