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FILMS / CRITIQUES Allemagne

Critique : Martin Reads the Quran

par 

- Le premier long-métrage de Jurijs Saule, qui repose sur un duel interprétatif et éthique, interroge les religions, la foi, les forces divines et, surtout, le fanatisme auquel tout cela peut mener

Critique : Martin Reads the Quran
Zejhun Demirov dans Martin Reads the Quran

Le premier long-métrage du réalisateur allemand JJurijs Saule, Martin Reads the Quran [+lire aussi :
interview : Jurijs Saule
fiche film
]
, a été projeté au festival German Film Fest. Madrid. Le film, scénarisé par le réalisateur avec Michail Lurje (et tous deux en sont également les producteurs), relate l'échange entre un professeur d’université spécialisé dans l’interprétation du Coran (Ulrich Tukur) et un élève qui vient le trouver à l'improviste (Zejhun Demirov). Celui-ci se montre agité et nerveux, car bien qu'il ait une femme et une fille, il s'apprête à commettre un attentat au nom de son dieu. Le maître va devoir convaincre l’élève d'y renoncer, en utilisant les doctrines mêmes qui ont amené d’autres gens à commettre des crimes similaires.

À partir de cette prémisse chargée, les acteurs Zejhun Demirov et Ulrich Tukur se transforment, comme Lawrence Olivier et Michael Caine dans le classique Le Limier de Joseph L. Mankiewicz (et comme Caine toujours et Jude Law dans le remake de ce film par Kenneth Branagh, sorti en 2007), en héros absolus d'un duel d'acteurs riche en dialogues, débats et affrontements qui non seulement remettent en question leurs croyances et leurs principes éthiques, mais mettent aussi à nu leurs personnalités et leurs insécurités.

Parce que ce qu'ils discutent, c'est la foi, la religion et le sens concret de celle-ci quand on voit que le dieu qu'on vénère n’a aucune pitié pour les innocents. En changeant de temps en temps de décor (bureau, amphi, parking, réfectoire), professeur et élève parlent et parlent encore, se livrant à un exercice quasi théâtral que le réalisateur essaie de rendre agile avec une caméra qui ne cesse de bouger.

Martin Reads the Quran, qui a une esthétique télévisuelle mais joue bien la carte du suspense du début à la fin, montre aussi une personne qui a normalisé le mensonge pour pouvoir entreprendre des actes atroces, et propose l'idée qu'on peut éviter des massacres quand se présente une (deuxième) chance tout en remettant en cause les limites de la miséricorde et de l’amour de Dieu, de quelque religion que ce dernier soit.

Avec tous ces ingrédients, et un revirement d’intrigue saisissant au troisième acte, Jurijs Saule dénonce le fanatisme, la barbarie et la violence, dans un film où la raison semble céder le pas à la douleur et au désir de vengeance. Mais, comme l'assure le film, à travers le dialogue, même si ce dialogue est tenu par des antagonistes ou du moins des personnes culturellement très différentes l'une de l'autre, on peut arriver à la paix et à la concorde, aussi opposées que puissent paraître les idéologies en présence, et les principes personnels et croyances les plus profondément enracinées de chaque adversaire.

Martin Reads the Quran a été produit par Blobel Film. Les ventes internationales du film sont gérées par Media Luna New Films.

(Traduit de l'espagnol)

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