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KARLOVY VARY 2024 Compétition

Critique : Three Days of Fish

par 

- Le deuxième long-métrage du Hollandais Peter Hoogendoorn est un drame familial minimaliste et doux-amer qui joue sur l'ambiguïté de l'affection mutuelle entre un père et son fils

Critique : Three Days of Fish
Guido Pollemans et Ton Kas dans Three Days of Fish

Ayant composé son film avec, en tête, l’expression hollandaise qui veut que "les invités comme le poisson ne restent frais que trois jours", Peter Hoogendoorn ne craint clairement pas de traiter de situations compliquées en termes de relations familiales dans lesquelles tout un chacun pourrait se retrouver à un moment donné, mais que peu d’entre nous oseraient alors aborder de front, ou alors on aurait du mal à trouver le ton juste pour en discuter. À cet égard, Three Days of Fish [+lire aussi :
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, en lice dans la compétition pour le Globe de cristal du Festival de Karlovy Vary, tape droit dans le mille. Le film dépeint en effet les interactions complexes entre un père et son fils d’une manière profonde et universelle à laquelle tout le monde peut se rapporter, nonobstant le fait que la propre expérience de Hoogendoorn ait fortement informé l’intrigue. À vrai dire, son premier long-métrage, Between 10 and 12 [+lire aussi :
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, s'inspirait aussi de faits réels personnels, sans être non plus strictement autobiographique, et de fait, ce type d'approche semble être en train de devenir son style, totalement assumé, ici développé plus avant.

La scène d'ouverture, très détendue, accompagnée d'une musique bon esprit en fond sonore, présente un homme d’âge moyen nommé Dick (Guido Pollemans) qu'on découvre assis à un arrêt de bus, sur une chaise abandonnée là, une trouvaille qu’il va ajouter à sa collection de fauteuils rescapés de la rue, qu’il vend pour payer ses factures, car il n'a pas de travail à proprement parler. Son besoin de trouver un emploi digne de ce nom est presque immédiatement martelé par son père sexagénaire, Gerrie (Ton Kas), qui descend d'un bus à cet arrêt quelques instants plus tard, et ce modus operandi légèrement agressif donne le la des trois jours qu’ils vont passer ensemble. Gerrie, qui vit actuellement au Portugal avec sa deuxième femme, est de retour à Rotterdam pour des raisons pratiques (ses examens de santé annuels), et prévoit d’utiliser le reste de son temps dans son pays natal de manière tout aussi pratique, en rendant visite à des parents et en visitant la tombe de la mère de Dick (qui semble toutefois avoir disparu, car Dick a oublié de prolonger la concession). De son côté, le fils a apparemment besoin de passer un peu de bon temps, de communication spontanée et, surtout, de l’approbation de son père, qui a du mal à montrer qu’il accepte Dick tel qu'il est.

Three Days of Fish, qui s'appuie beaucoup plus sur les fines nuances des échanges entre ces deux personnages que sur une véritable intrigue, rend de manière intuitive la gêne qui peut exister entre deux personnes qui sont très proches quand ils essaient de faire de leur mieux pour se traiter avec respect, mais n'y arrivent pas bien. Cette vulnérabilité ouvertement reconnue désarme le spectateur et facilite une complète identification avec les personnages.

Un autre aspect charmant de ce film est son authenticité humaine, presque documentaire, qui doit beaucoup aux interprétations très naturelles des comédiens, orchestrées avec aise par Hoogendoorn. Les images élégamment filmées en noir et blanc par Gregg Telussa, qui était aussi chef opérateur sur Between 10 and 12, contribue de manière précise et économique à l’approche psychologique subtile avec laquelle le film parvient à aborder l’ineffable.

Three Days of Fish a été produit par les sociétés hollandaises Circe Films et Kaap Holland Film, en coproduction avec A Private View (Belgique) et NTR (Pays-Bas).

(Traduit de l'anglais)

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