Critique : March to May
par Martin Kudláč
- Martin Pavol Repka fait dans son premier long-métrage le choix du slow cinema pour analyser les dynamiques familiales après une nouvelle inattendue, dans le décor tranquille d'un village slovaque
Le réalisateur slovaque Martin Pavol Repka, formé à la FAMU, a conçu son premier long-métrage de fiction, March to May [+lire aussi :
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interview : Martin Pavol Repka
fiche film], en puisant dans ses propres souvenirs de jeunesse au sein de sa famille. Le film, qui se passe dans une maison rustique, dans un hameau slovaque somnolent, et a été projeté dans la compétition Proxima du Festival de Karlovy Vary, dépeint une famille de cinq membres confrontés qui à la difficulté de grandir, qui à celle de prendre de l'âge, tandis que la vie quotidienne continue, inchangée, de rythmer leurs jours. Cette cadence sereine est abruptement rompue par une nouvelle inattendue : la mère Romana (Zuzana Fialová), en fin de quarantaine, est enceinte. Repka avec délicatesse la manière dont le groupe va s’adapter à ce changement imprévu. On découvre ainsi le portrait intime d'une famille.
Repka explore les sujets de la famille et de l’amitié depuis le début de sa jeune carrière. March to May prolonge cette exploration, en s'appuyant davantage sur les images que sur la progression d’une intrigue à proprement parler. Le titre se réfère à la période sur laquelle l’histoire se déploie, reflétant le réveil progressif de la nature pendant les mois du printemps. Cette métaphore confère une certaine poésie au film, qui a pour toile de fond les changements lents mais inévitables des dynamiques familiales. March to May se départ des conventions usuelles dans les drames familiaux à ancrage local, car Repka adopte une approche "slow cinema" qui souligne la minutie de la vie de tous les jours. Au lieu de suivre la structure traditionnelle d'une intrigue, il se concentre sur les petits détails les petites observations, employant un style de type documentaire loin de toute dramatisation. Les cadrages serrés et les gros plans saisissent les expressions des visages et les interactions entre les membres de la famille.
L'histoire s'articule autour des différentes réactions et des ajustements que chacun est forcé de faire à l’annonce de la grossesse de la mère. Le plus jeune des enfants, Eliáš (Damián Humaj), est en pleine adolescente, et partage son temps entre le skateboard et ses premiers émois amoureux. La fille du milieu, Alžbeta (Jana Markovičová), doit gérer son indépendance naissante et décider quoi faire de ses premières paies. De son côté, l'aînée, Miša (Natália Fašánková), est sur le point de quitter le nid familial, tendue entre la sécurité de cet univers familier et l'attrait de l’inconnu. Le père (Jozef Abafi) fait de son mieux pour préparer les enfants à un nouveau frère ou une nouvelle sœur, tandis que la mère, très pieuse, accepte calmement la situation. À travers ces histoires individuelles, Repka livre le portrait d’une famille en transition.
Ce premier long-métrage s'écarte de la tradition locale des drames sociaux réalistes par sa forme comme par son style. La famille, qui mène une humble existence dans une maison rustique, ne se soucie pas outre mesure de la précarité matérielle. La grossesse inattendue, qui sert de fil narratif subtil, ne donne pas lieu à des confrontations, des conflits ou des échanges mélodramatiques parmi les membres de la famille. Au lieu de ça, Repka se tient à son approche tranquille, sans pics émotionnels, et se concentre sur les nuances de la vie domestique. Cette histoire familiale presque idyllique évite le pathos ou toute autre forme d’excès expressif qui aurait risqué de faire bifurquer le film. Ainsi, March to May est un regard tendre et contemplatif posé sur les liens entre les gens d'une même famille qui décrit les dynamiques subtiles à l'œuvre et la résilience tranquille de l’unité familiale.
March to May a été produit en République tchèque par Perfilm, en coproduction avec Studio BEEP et PFX.
(Traduit de l'anglais)