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FILMFEST MÜNCHEN 2024

Critique : Poison

par 

- Dans ce drame sérieux de Désirée Nosbusch qui fonctionnerait mieux sur les planches, Tim Roth et Trine Dyrholm essaient de faire leur deuil l'un de l'autre

Critique : Poison
Tim Roth et Trine Dyrholm dans Poison

Dans le film dramatique intime Poison [+lire aussi :
interview : Désirée Nosbusch
fiche film
]
, le chagrin attaque en silence : il suffoque les gens, lentement, méticuleusement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus grand chose. Mais il laisse aussi survivre les gens, bien qu'ils ne le souhaitent même pas.

Dans ce film de Désirée Nosbusch, qui a fait sa première mondiale au Festival de Munich, un couple a perdu son enfant. Il y a eu un accident tragique, un grand moment passé à l’hôpital et ensuite, eh bien, le silence. Quand ils sont revenus à la maison, juste tous les deux, c'était trop lourd à porter – pour lui (Tim Roth) en tout cas. Il est parti une nuit, le soir du Nouvel An, avec deux valises. Elle (Trine Dyrholm) s’en souvient très bien.

Des années après, une décennie même, Edith et Lucas se revoient. Ils sont tous les deux au cimetière, et une nouvelle danse commence : quelques petits échanges insignifiants ont lieu, des gentillesses sont dites, et puis suivent les coups, littéralement. Nosbusch s'appuie ici sur de bons acteurs, et ceux-là donnent tout, explorant toutes les étapes par lesquelles va passer cet ancien couple en une seule journée. Sauf que ça fait beaucoup, et tout ça est très, très contenu, à tel point qu'on se demande quand ça va vraiment démarrer. C’est peut-être ça le problème : ce travail adapté du livre primé de Lot Vekemans est un film, maintenant, et il y manque quelque chose.

Ça n'enlève rien au fait qu'il s'agit là d'une histoire universelle facile à comprendre et à ressentir. "Tu n’as pas changé", dit-il. "N'y regarde pas de trop près", répond-elle amèrement. Il est d'emblée évident que même si le film devait avoir un dénouement heureux (ce qui n'est pas certain), il ne serait pas couru d'avance, principalement parce que les deux anciens conjoints ont fait de leur souffrance des choses complètement différentes. Il a fui, puis il a essayé d’aller de l’avant. Elle s’accroche au souvenir de l’accident, même si ça ne peut être bon ni pour elle, ni pour n’importe qui d’autre. Il y a encore de l'amour ainsi que de la haine, mais le temps permet une chose : il laisse les gens parler. Ils peuvent enfin arrêter de crier.

L’auteure de ces lignes haussait les épaules, avant, à chaque fois que revenait ce cliché, "Pardonne, mais n’oublie pas", mais Nosbusch semble suggérer qu'il a une certaine valeur. Personne d’autre ne peut comprendre ce qu’ils ont traversé, et probablement que tout le monde s’en fiche, mais pardonner quoi que ce soit, que ce soit de la lâcheté ou de l’indifférence, ne sera pas facile. Il y a encore de l’amour ici, ainsi que de la haine, des mots durs et une bouteille de vin qui attend dans la voiture.

Ce qui est facile, cependant, c’est l’alchimie entre Roth et Dyrholm. C’est follement triste, de voir ce couple qui s’entendait clairement bien avant, qui s’amusait, et qui s’est perdu dans la douleur. Ils n’ont pas pu s'aider l’un l’autre, ils ne savaient pas comment. Ils ne savent toujours pas comment, mais lors de cette rencontre inattendue, ils peuvent s'offrir l’un à l’autre un moment de compréhension, ou même un rire, parce que Lucas a commencé le chant, dans une chorale. Ça l'a sauvé, dit-il. Apparemment, la douleur peut aussi être une drôle de chose.

Poison est une production entre le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni pilotée par Deal Productions, en coproduction avec Phanta Vision, Studio Hamburg et ARTE. Les ventes internationales du film sont gérées par Hyde Park International.

(Traduit de l'anglais)

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