Critique : Gina
par Marta Bałaga
- Dans ce travail pas particulièrement original mais honnête d'Ulrike Kofler, une petite fille grandit plus vite que sa mère à problèmes

Mauvaise mère, pauvres enfants : les gens jugent facilement, ils méprisent sans y réfléchir à deux fois une jeune fêtarde enceinte entourée de trois enfants, qui attend son quatrième. La réalisatrice Ulrike Kofler ne juge pas, mais elle ne fait pas semblant non plus que tout va bien dans la petite famille de Gina. Cette fois, non, les enfants ne vont pas bien.
Tout comme dans Tiny Lights [+lire aussi :
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fiche film], qui vient de faire sa première à Karlovy Vary, dans Gina, le film qui nous occupe, projeté en première mondiale au Festival du film de Munich, ils comprennent beaucoup plus de choses que les adultes ne le croient. Ils entendent les cris et la musique à plein volume au milieu de la nuit ; ils entendent le petit ami de leur mère lui dire qu’il n'a "rien à foutre des gosses". Il ne souhaite pas fonder de famille, voyez-vous.
C’est un environnement anxiogène, et les choses ne font qu’empirer. Kofler se concentre sur Gina (Emma Lotta Simmer), 9 ans, mais montre aussi que certains schémas tendent à se répéter. Sa mère (Marie-Luise Stockinger), encore très jeune, finit par reproduire les choix de sa mère à elle. Quand elle est en colère, elle emploie exactement les mêmes mots. aussi. Ce qui brise le cœur, c’est que ces femmes adultes, si semblables entre elles, ne s’offrent aucun soutien. Ni d’amour, ce qui est probablement la raison pour laquelle l'une d'elle le cherche contamment, mais toujours au mauvais endroit.
Le résultat est que son enfant est forcée de s'occuper de tout, pour le dire simplement : de sa mère qui boit, de ses petits frères et sœurs... Elle est hélas vouée à échouer. "Décevoir" sa mère pourrait une bonne chose, en l'espèce, dit une gentille dame des services de protection de l’enfance à Gina. C’est comme ça qu'on rompt avec des schémas qui sans cela continueraient de se perpétuer à l'infini, parce que sa mère, déprimée et solitaire, s'en "fiche complètement, à ce stade". Son petit ami ne répond pas au téléphone, et son nouveau-né est déjà dans une nouvelle famille. Elle joue sa musique à fond pour ennuyer les voisins, c’est vrai, mais aussi pour montrer à tout le monde qu’elle est encore là.
Franchement, on a déjà vu tout cela, même les cheveux peroxydés de la mère de Gina (très Marion Cotillard dans Gueule d'ange [+lire aussi :
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fiche film]), mais au moins, Kofler prouve qu’elle sait diriger les enfants. Les interprétations sont bonnes, très minimales, et transmettent beaucoup de souffrance et de confusion, même quand la personne concernée est en train de mâchonner la sempiternelle pizza qu'on lui sert à tous les repas. Pour Gina, en tout cas, c’est maintenant ou jamais : si rien ne change à la maison, cette souffrance va l'engloutir. Frustrée, elle attaque un autre enfant à la piscine. C’est un moment sombre, peut-être un des plus intrigants de tout le film, dont on regrette que Kofler ne l’explore pas davantage.
Gina a été produit par la société autrichienne Film AG Produktion GmbH. Les ventes internationales du film sont gérées par Picture Tree International.
(Traduit de l'anglais)
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