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NIFFF 2024

Critique : She Loved Blossoms More

par 

- Dans son deuxième long-métrage, le réalisateur grec Yannis Veslemes met en scène un voyage psychédélique et halluciné à travers lequel les personnages essaient de faire leur deuil d'un être cher

Critique : She Loved Blossoms More
Sandra Abuelghanan dans She Loved Blossoms More

Comment faire pour accepter la mort d’un parent ? Les souvenirs que nous avons de cette personne sont-ils réels ou reformulés par une mémoire sélective qui édulcore les faits ? Les personnages de She Loved Blossoms More, le deuxième long-métrage du Grec Yannis Veslemes (si on ne tient pas compte du film choral The Field Guide to Evil), sélectionné au Festival international du film fantastique de Neûchatel, abordent cet événement traumatisant de manière résolument singulière. Déterminés à faire revivre leur mère, les héros de ce drame surréaliste halluciné ne reculent devant rien, défiant les lois de la nature avec l’obstination de ceux qui n’ont plus rien à perdre. She Loved Blossoms More traite avec courage les thèmes encore tabous du vieillissement, de la folie et de la mémoire, une mémoire qui choisit souvent de n'emmagasiner que les souvenirs positifs, pour se protéger de la cruauté du monde.

She Loved Blossoms More suit les péripéties hallucinées de trois frères (interprétés par Panos Papadopoulos, Julio Giorgos Katsis et Aris Balis) qui décident de construire une machine à voyager dans le temps pour rendre la vie à leur mère. Quand leur père, délirant et ambigu, entre en scène, leurs expériences pseudo-scientifiques vont de mal en pis, et deux des frères se retrouvent prisonniers d’un paysage psychédélique infernal où passé et présent se confondent pour donner vie à une réalité alternative inquiétante où le chagrin semble s’insinuer sous la peau des gens.

She Loved Blossoms More est une comédie de science-fiction surnaturelle où les drogues deviennent un personnage à part entière. Dans une sorte de relecture du Festin nu de David Cronenberg en version hellénique, les différentes substances (principalement hallucinogènes) qu'ils prennent permettent aux trois personnages de prendre leurs distances par rapport à une réalité qu'ils n’acceptent pas et qu’ils tentent par tous les moyens d'imiter. Cette descente dans les enfers de la drogue se transforme, dans le film, en un voyage initiatique vers des mondes parallèles à la fois fascinants et terrifiants. Convaincus de pouvoir ramener leur mère à la vie, les personnages de cette aventure agitée et délicieusement incohérente sont prêts à s'adonner à quelque rite initiatique que ce soit. À ce propos, le film offre une scène inoubliable où deux des frères se mettent à fumer une fleur hallucinogène qui a poussé sur la tombe de leur mère.

Les créatures bizarres qui peuplent le film sont elles aussi très intéressantes, de la poule sans tête au père transformé elfe diabolique, sans oublier la tête dédoublée de la petite amie d’un des frères, qui porte un troisième oeil. En parlant des deux seuls personnages féminins du film (la mère et la fiancée dealeuse, interprétée par l'actrice Sandra Abuelghanan), on regrette qu'ils n'aient été que sommairement esquissés, ce qui les rend plus spectatrices qu'actrices à proprement parler de cette histoire qui les effleure sans vraiment les englober. Ceci étant dit, la puissance de l’univers visuel créé par Yannis Veslemes est étonnante ; c’est un univers surréaliste de trip halluciné dans lequel les personnages sont à la fois prisonniers et apprentis sorciers. Leur parcours est en effet un chemin d’apprentissage fondé sur des règles que nous autres ignorons, mais qui permettent de découvrir des mondes invisibles unissant passé et présent. She Loved Blossoms combine de manière très intéressante le fantastique et l'absurde et crée un monde onirique à partir d’éléments quotidiens (une armoire qui devient une machine à remonter le temps ou une poule qui se transforme en être mutant sans tête), comme pour nous rappeler que le réel est beaucoup plus complexe que ce que nous croyons.

She Loved Blossoms More a été produit par Blonde Audiovisual Productions (Grèce), Faliro House Productions (Grèce) et Rumble Fish Productions (France). Les ventes internationales du film sont gérées par Yellow Veil Pictures.

(Traduit de l'italien)

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