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PULA 2024

Critique : It All Ends Here

par 

- Rajko Grlić parvient à formuler un message fort dans un film de genre passable annoncé comme son dernier

Critique : It All Ends Here
Živko Anočić dans It All Ends Here

Tout doit se terminer à un moment. De fait, le légendaire cinéaste croate Rajko Grlić aurait apparemment décidé de boucler sa carrière avec un film de genre combinant film criminel, thriller politique, film noir, comédie romantique et satire, tout en un, et dont l’intention était aussi de protester contre la corruption et la tradition d'abus de pouvoir profondément ancrées dans la société croate. It All Ends Here a fait sa première au 71e Festival de Pula, où Grlić avait dévoilé son tout premier long-métrage, Whichever Way the Ball Bounces (1974), il y a déjà cinquante ans.

It All Ends Here, scénarisé par Grlić et le romancier Ante Tomić (dont c’est la quatrième collaboration avec le cinéaste) est en fait une adaptation du roman On the Edge of Reason de Miroslav Krleža, paru en 1938. C'est un ouvrage difficile à adapter, compte-tenu de sa structure en cercles concentriques, mais le duo est très bien parvenu à l'écrémer et à en faire une intrigue linéaire mouvementée, facile à suivre, qui convienne à l’approche cinéma de genre. Leur décision de déplacer l’intrigue de la première moitié du XXe siècle à un contexte contemporain s’est aussi avérée une bonne manière pour eux de faire passer leur message.

Au centre de l’histoire, on a l’avocat Maks Pinter (Živko Anočić, à l'affiche l’année dernière d'Escort [+lire aussi :
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, sélectionné à Pula), qui devient las de travailler pour le magnat Dinko Horvat (joué par le Serbe Boris Isaković, avant tout connu pour le rôle de Ratko Mladić dans La Voix d'Aida? [+lire aussi :
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) après l’avoir fait disculper pour le meurtre de deux individus entrés chez lui par effraction, deux anciens employés de l'usine de conditionnement de viande qu'Horvat a fait péricliter. Maks, disposé à sacrifier son statut social et même sa confortable vie de famille, se tourne vers son ancienne maîtresse Nina (Jelena Đokić, aperçue récemment dans 78 Days [+lire aussi :
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), qui a ses propres raisons de vouloir nuire à Horvat. Maks possède à vrai dire une vidéo qu’il peut utiliser pour le faire chanter, mais le duo va-t-il pouvoir supporter la pression exercée par le magnat puissant et psychopathe, qui a aussi des liens étroits avec les cercles politiques ?

Le problème principal du film, c'est les dialogues, qui font parfois l’effet d’avoir été pris directement dans un texte littéraire et sont parfois trop théâtraux, du fait que la tendance de Grlić et Tomić à parler à travers les personnages pour faire entendre ce qu’ils ont à dire. Ce type de dialogue met par ailleurs de la pression sur les acteurs, mais le trio principal gère assez bien cette responsabilité. Živko Anočić se démarque (ce genre de personnage ambivalent lui convient bien), Boris Isaković arrive bien à recycler son type de personnage menaçant préféré pour faire de Horvat un méchant convaincant et Jelena Đoković ajoute de la folie et de la vulnérabilité à la séduction de sa femme fatale de film noir.

Sur le plan technique, l'oeuvre est de bonne facture. Le chef opérateur Branko Linta favorise des tons bleutés qui collent bien au genre du film, et le montage précis de Tomislav Pavlic conserve l’intérêt du spectateur. La mise en scène de Grlić est globalement peu invasive et invisible, donc elle manque un peu de la saveur et du brio que requerrait un film de genre, mais cela n'entrave pas trop le film, dont les menaces formulées à voix haute sont le combustible premier. Du fait de son approche privilégiant le message sur le style et la substance, It All Ends Here se place sur le territoire du film tout à fait correct qui sert aussi un message fort.

It All Ends Here est une coproduction entre la Croatie, la Bulgarie, la Serbie, la Macédoine du Nord, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et la Turquie, pilotée par Interfilm en coproduction avec RFF International, West End Production, ABHO Film, Veda Film, Oktavijan et Saudade. Les ventes internationales du film sont gérées par Latido Films.

(Traduit de l'anglais)

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