email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

PALIĆ 2024

Critique : Le Dernier des Juifs

par 

- Dans son premier long-métrage, Noé Debré formule, à travers l'histoire de la dernière famille juive de Seine-Saint-Denis, un message plein de chaleur, d'amitié et d'humanité

Critique : Le Dernier des Juifs
Agnès Jaoui et Michael Zindel dans Le Dernier des Juifs

Le nom de Noé Debré pourrait vous dire sembler familier, au moins en tant que coscénariste de films prestigieux comme le gagnant de la Palme d’or 2015 Dheepan [+lire aussi :
critique
bande-annonce
Q&A : Jacques Audiard
fiche film
]
, de Jacques Audiard, et le thriller transatlantique Stillwater de Tom McCarthy (2021), avec Matt Damon. Après plusieurs courts-métrages comme réalisatrice, elle se lance dans le long-métrage avec Le Dernier des Juifs. Le film est déjà sorti en France et en Belgique, et il arrivera bientôt dans d’autres pays, mais il a été montré en compétition officielle au Festival du cinéma européen de Palić.

Le titre français comme le titre international du film (A Good Jewish Boy) se réfèrent au héros du film, Ruben Bellisha (incarné par l’acteur débutant Michael Zindel, qui livre ici une prestation qui pourrait propulser sa carrière), un jeune homme d’une vingtaine d'années qui vit en Seine-Saint-Denis avec sa mère souffrante Giselle (jouée par la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui, connue notamment pour Le Goût des autres et Comme une image [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
). À eux deux, ils sont les derniers juifs de leur quartier, avant tout constitué d'immigrés et à forte dominante musulmane. Effarée par la manière dont l'endroit a changé et terrifiée par le développement du conflit israélo-palestinien qui menace d'avoir des répercussions sur le voisinage, Giselle voudrait qu'ils déménagent.

Cependant, Ruben est un jeune homme si charmant et son comportement est si bon enfant que toute la communauté l'adore. Quant à lui, il ne conçoit pas la possibilité de contrôler lui-même sa propre vie. Il voit en secret sa voisine arabe mariée Mira (Eva Huault) et multiplie les petits mensonges sans conséquences à sa mère, obsédée par la pureté kasher. Tout un éventail d'options pour l'avenir se présentent à lui : il pourrait devenir VRP comme son cousin Asher (Solal Bouloudnine), partir pour l’Israël et rejoindre l’armée, s'installer en Alsace et assurer l'entretien d'une synagogue locale, ou même rester dans son quartier et faire office de "juif de service" pour arranger les autorités municipales. Giselle étant de plus en plus faible, le moment, pour lui, de prendre des décisions approche à grands pas.

Pour la partie comédie, le film repose principalement sur ses acteurs, les laissant improviser et souligner certains traits de leurs personnages, parfois avec quelque excès, mais pas au point de nuire au film dans son ensemble. L'utilisation par le chef opérateur Boris Lévy de teintes ambrées typiquement parisiennes convient bien au film, et la musique variée de Valentin Hadjadj est employée de manière assumée pour susciter des émotions précises, mais ses saillies occasionnelles sont trop brèves pour gêner le visionnage. Le montage de Géraldine Mangenot ne lèse aucun des personnages, et il permet de conserver un rythme plaisant tout au long d'un film somme toute compact, à moins de 90 minutes de durée.

Debré et son coscénariste Élie Benchimol (qui apparaît aussi à l’écran dans le rôle d’un rabbin sur YouTube) établissent rapidement un ton chaleureux qui permet d'équilibrer comédie et drame, parfois en s'appuyant sur le dispositif du narrateur hors champ, qui ajoute un côté conte de fées au film. Les auteurs parviennent encore à maintenir cet équilibre dans le ton plus tard, par la suite, quand l'impact comique des attachantes combines de Ruben s'émousse et que le drame prend des teintes plus sombres et plus désespérées, ce qui fait du Dernier des juifs un film plaisant à voir, et un biais efficace pour faire passer un message profondément humaniste. Le film peut par moments paraître naïf, tout comme son personnage central, mais sa chaleur humaine et son humanisme sont indéniables.

Le Dernier des Juifs est une production française de Moonshaker Films, en coproduction avec The Living et L’Embellie. Les ventes internationales du film sont gérées par Charades.

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy