Critique : Sew Torn
- Dans le premier long-métrage de Freddy Macdonald, insolite et teinté de cinéma de genre, une couturière petite main a trois choix à faire

Il existe une théorie selon laquelle chaque petite décision que nous prenons est susceptible de changer complètement notre vie. Mais dans la pratique, l’issue peut toujours être la même, et ce quelles que soient nos décisions. Dans Sew Torn [+lire aussi :
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fiche film], le premier long-métrage de Freddy Macdonald, présenté à Locarno dans la section Piazza Grande, Barbara, l’héroïne, est convaincue que la prise de décision détermine le type de mort que l'on peut avoir, comme le montre un élégant montage dans la scène d'ouverture. Cette proposition n’a rien de nouveau. On la retrouve dans des films comme Run Lola Run de Tom Tykwer ou dans ceux qui imitent la logique des jeux vidéo. Et il en va de même pour l'approche adoptée par le réalisateur, qui s’inscrit dans la veine des premiers films des frères Coen. Néanmoins, cette combinaison pourrait être bien accueillie par le public plus large des festivals. Le film a effectivement été présenté en avant-première mondiale à SXSW, ainsi que dans les salles et, plus tard, sur les plateformes de vidéos à la demande.
Barbara (Eve Connolly, célèbre pour ses rôles dans les séries Into the Badlands et Vikings) incarne ici une couturière à la tête de l’atelier dont elle a hérité de sa défunte mère dans un village de montagne. Le travail est rare et la motivation de Barbara, qui pleure encore sa mère, est fluctuante. Mais lorsque Grace (Caroline Goodall), future mariée d’un certain âge, la contacte et lui demande de retoucher la robe pour son troisième mariage, elle décide d'accepter le travail et se rend chez elle. Grace va s’avérer une cliente difficile et exigeante, poussant Barbara à faire une erreur et à perdre un bouton, l'obligeant à revenir dans son atelier pour en trouver un nouveau.
Chemin faisant, elle assiste à un événement qui va changer sa vie. Ce qui apparaît d’abord comme un banal accident de la route se révèle être un trafic de drogue qui a mal tourné. Beck (Thomas Douglas), le coursier, et Josh (Calum Worthy), le fils récalcitrant du mafieux local, sont impliqués. Trois choix s’offrent alors à Barbara : utiliser ses talents de couturière et commettre le crime parfait, appeler la police ou passer son chemin. Toutefois, dans chacune de ces situations, Hudson Armitage (l’éminent John Lynch) va bientôt faire son apparition.
La légère bizarrerie du film est probablement son atout principal. Le monde dans lequel l’action se déroule ressemble aux Alpes suisses (lieu de tournage du film), mais il est peuplé d'acteurs irlandais, et regorge de couleurs pastel et de babioles étranges, ce qui en fait un monde unique en son genre. Le film nous rappelle également le talent de Viviane Rapp, conceptrice des décors et des costumes, et celui de Macdonald à intégrer de petits détails insolites qui enrichissent l'ensemble. Il faut également féliciter Macdonald pour la qualité de son montage. Il fait effectivement preuve d'une capacité remarquable à filtrer les idées avec détermination et précision.
Quant à la performance d’acteur, Eve Conolly pourrait sans aucun doute s’avérer une révélation, notamment pour les scènes qui exigent une certaine adaptabilité sans nuances excessives, de sorte que les transformations puissent être rapides et spontanées. En revanche, John Lynch s'impose comme l’homme du film grâce à une présence intimidante, qui reste inquiétante, même lorsqu’il est surpris à répéter la même vieille blague débile pour la troisième fois. Les autres acteurs, eux, offrent une performance plus ou moins caricaturale des rôles secondaires.
Tout cela contribue à faire de Sew Torn un film divertissant et agréable à voir. Ce n'est de toute évidence pas un chef-d'œuvre, mais Macdonald a prouvé qu'il savait parfaitement créer un film plus que décent qui touchera un large public.
Sew Torn est une co-production américano-suisse de Macdonald Entertainment (Sew Torn LLC), Orisono et Barry Navidi Productions. The Playmaker Munich est responsable des ventes à l’étranger.
(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)
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