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LOCARNO 2024 Compétition

Critique : La Mort viendra

par 

- Christoph Hochhäusler compose un thriller criminel cru ancré dans les bas-fonds de Bruxelles qui oppose un boss criminel à l'ancienne à une rivale moderne

Critique : La Mort viendra
Sophie Verbeeck dans La Mort viendra

Le réalisateur allemand Christoph Hochhäusler a très vite enchaîné, après le thriller d’auteur Till the End of the Night [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Christoph Hochhäusler
fiche film
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, projeté en première mondiale à Berlin l'année dernière, sur un autre film de genre, La Mort viendra [+lire aussi :
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, ancré dans les bas-fonds criminels de Bruxelles. Ce titre, projeté en compétition au Festival de Locarno, s’ouvre sur une scène où Yann (Pitcho Womba Konga), un transporteur qui se fait arrêter par la police suite à une embuscade au Luxembourg, alors qu’il transporte de grosses sommes d'argent liquide caché dans les peintures. Relâché moyennant une caution payée par un bienfaiteur inconnu, Yann est assigné à résidence dans un hôtel décrépit où il est ensuite tué par balle par un attaquant non identifié. Le boss du crime local Charles Mahr (Louis-Do de Lencquesaing), qui était l'employeur de Yann et dont l’argent a été saisi pendant le raid, est furieux de la tournure qu'ont pris les choses. Il embauche donc une mystérieuse tueuse à gages, Tez (Sophie Verbeeck), pour traquer l'assassin de Yann.

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Hochhäusler livre un thriller coriace de style américain remanié à l'européenne qui présente un monde où l’héroïne, Tez, n'est pas tout à fait celle qui donne un coup de pied dans la fourmilière : elle  est jetée dedans. Les guerres de territoires ont changé de modalités : elles ne se jouent plus avec les poings dans des arrière-salles mais supposent des manœuvres financières aux enjeux considérables. Mahr, qui représente la vieille garde, est invité par son rival Patric De Boer (Marc Limpach) à investir dans une entreprise d'avant-garde : un lupanar en réalité virtuelle avec des poupées sexuelles. Mahr hésite à abandonner ses méthodes bien rodées, alors que De Boer (en proxénète hédoniste porté par des idées grandioses) se voit comme un entrepreneur visionnaire, soutenu par son avocat et sa maîtresse Julie (Hilde Van Mieghem).

La tension monte à mesure que De Boer est de plus en plus désespéré de convaincre Mahr d'investir, mais ce dernier hésite, flairant la futilité de cette entreprise. Les choses se corsent quand des soupçons de trahison s'ajoutent à l'ensemble : le bras droit de Mahr pourrait bien être la taupe de De Boer, et De Boer lui-même a une taupe dans son propre lit, par l'entremise de Madame Mela (Delphine Bibet), une mère maquerelle aveugle rusée en politique et douée pour ce qui est de manipuler les événements depuis les coulisses. Tez, qui forme à elle seule tout un commando, décide qu'elle va dénouer le réseau des tromperies, des raisons cachées et des liquidités qui se perdent, laissant des traînées de sang dans son sillage.

Death Will Come présente un récit complexe et bien peuplé qui conviendrait peut-être mieux au format épisodique. Hochhäusler esquive le côté glamour et la violence stylisée typiquement associés au genre criminel, se concentrant au lieu de ça sur la réalité sordide et le lourd impact psychologique d’une vie de crime dans les quartiers les plus dangereux de Bruxelles. L’histoire évoque un peu les motifs existentialistes de Chronique d'une mort annoncée de Gabriel García Márquez, particulièrement dans la manière dont y est dépeint Mahr, dont le temps est compté pour des raisons de santé, face à De Boer, qui manque aussi de temps à cause de ses décisions d'affaires.

Ce thriller criminel de Hochhäusler souligne les tendances autodestructrices de ses personnages masculins. À l'inverse, les personnages féminins, s'ils agissent en douce, ont le pouvoir, physiquement et politiquement. La Mort viendra est, au bout du compte, une partie d'échecs portée par ses personnages qui met face à face la vieille garde et la nouvelle, le vieux monde et le nouveau, le tout vu à travers le prisme étroit d'une perspective masculine en voie d'effacement, tandis que les femmes sont devenues plus émancipées, dans les bas-fonds sordides du crime organisé.

La Mort viendra a été produit par Heimatfilm (Allemagne), Amour Fou Luxembourg et Tarantula Belgique. Les ventes internationales du film sont gérées par True Colours.

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(Traduit de l'anglais)

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