email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Belgique / France

Critique : La Nuit se traine

par 

- Michiel Blanchart s’empare avec une jubilation contagieuse des codes du thriller social pour les appliquer à sa ville, Bruxelles, le temps d’une nuit qui ne finit pas

Critique : La Nuit se traine
Jonathan Feltre dans La Nuit se traine

Dévoilé en ouverture au Festival Nouvelles Vagues de Biarritz où il a d’ailleurs remporté le Prix du Public (lire la news), La Nuit se traine [+lire aussi :
interview : Michiel Blanchart
fiche film
]
, en salles en France le 28 août avec Gaumont et en Belgique le 4 septembre avec Lumière, est le premier long métrage de Michiel Blanchart, jeune cinéaste belge prometteur sur lequel Hollywood déjà parié. En effet, son dernier court métrage, T’es morte Hélène, développé à la résidence So Film de genre, Prix du Meilleur court à Gérardmer, et shortlisté aux Oscars, a tapé dans l’oeil de Sam Raimi qui en a acquis les droits pour une adaptation américaine en long métrage, actuellement en cours. C’est donc peu de dire que l’on était curieux de découvrir le premier long du réalisateur, qui dans un tout autre style, mais toujours en explorant le genre, ne déçoit pas.

Le film s’attache au destin chahuté de Mady (épatant Jonathan Feltre). Etudiant le jour, le jeune homme est aussi serrurier la nuit. Discret, appliqué, et déterminé, il s’efforce de ne pas faire de vague, bien conscient qu’en tant que jeune homme noir, son meilleur profil est surement le profil bas. Alors qu’il révise ses examens, il reçoit un appel à première vue normal, une jeune femme qui a perdu ses clés. Malgré sa nervosité, il choisit de lui faire confiance. Mal lui en prend, puisque cette décision va le précipiter dans le tourbillon d’une nuit infernale, l’obligeant non seulement à adopter un costume de malfrat bien trop grand pour lui, mais aussi à faire face à des dilemmes moraux qui révèleront sa vraie nature. Sur son chemin se succèdent donc une jeune femme mystérieuse (Natacha Krief), un adversaire au bord du précipice (Jonas Bloquet), quelques hommes de main véreux, et un chef de gang aussi impitoyable que compréhensif (Romain Duris, glaçant à souhait). Alors qu’il se débat dans ce chaos, sa situation trouve un écho inattendu dans la fièvre qui s’empare de la ville cette nuit-là.

Thriller urbain et nocturne entamé comme un film social ou presque, où gronde la révolte des manifestants Black Lives Matter qui battent le pavé humide de la ville, La Nuit se traine se pare vite des atours du film de gangsters mené tambour battant, avec sa dose règlementaire de mensonges et de manipulations, avant de virer au film d’action par la grâce de quelques scènes de combat hyper réalistes, et surtout, d’une poignée de courses poursuites haletantes dans les rues de Bruxelles. Si la grammaire du genre est respectée, elle est par ailleurs enrichie non seulement par la teneur politique du contexte dans lequel évolue Mady (quelle meilleure safe place face à la police pour un jeune homme noir qu’une manif Black Lives Matter?), mais aussi par le personnage de Mady lui-même, héros récalcitrant, ou plutôt anti-héros qui se fait violence pour être violent et sauver sa peau.

La Nuit se traine a été produit par Daylight Films (Belgique) et Formosa Productions (France), ainsi que Quad Films (France).

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy