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VENISE 2024 Compétition

Critique : Queer

par 

- VENISE 2024 : Daniel Craig s'amuse comme un fou dans le nouveau Luca Guadagnino, un drôle de récit plein de sexe, de drogues et d'animaux exotiques

Critique : Queer
Daniel Craig dans Queer

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, et le résultat est... intéressant. On parlait déjà d'Oscar avant même avant la première en compétition à Venise – ça paraît dur à croire, mais Daniel Craig n’a jamais été nominé, pas même pour l'interprétation qui l'a presque fait percer, dans  Love Is the Devil. Nous mentionnons ce titre parce que jusqu'à Queer, c’était probablement un de ses choix les plus risqués. Plus tard, il a connu le succès partout dans le monde en 007, ce qui est formidable, mais il est amusant de se remémorer le niveau d’engagement dont il est capable en tant qu’acteur.

C’est un rôle audacieux que celui qu'il joue dans Queer, mais il est peut-être un peu trop bizarroïde pour les votants aux Oscars, pas uniquement pour sa sexualité, mais parce que Queer s'écarte vite du drame érotique élégant sur un homme qui tombe amoureux d’un inconnu plus jeune qu'il semble être au début pour aller s'installer dans une maison de fou dans la jungle. Soudain, finis les borsalinos et les regards en douce : des drogues inconnues sont consommées, des animaux exotiques font irruption partout et les gens s'étouffent avec leur propre cœur battant.

Queer est probablement le film le plus désordonné que Guadagnino ait fait ces derniers temps, mais cet humour bizarre, qui frôle la parodie, est en fait présent dès le début – en partie aussi grâce à Jason Schwartzman dans le rôle du de l’ami de William Lee (Craig) qui s'amourache constamment de types qu'il devrait éviter et qui finissent par tout lui voler, jusqu'à ses chaussettes. Tous ces hommes, coincés à Mexico, se moquent de tout le monde, et particulièrement les uns des autres. Ils forment des cliques et portent tous leur lubricité sur les mêmes nouveaux venus. Ils boivent trop, ils ont des relations sexuelles et se régalent de chaque nouveauté dans leur petite communauté. On comprend de fait sans problèmes que Lee and Gene (Drew Starkey) finissent par décider de partir : ce style de vie est fait très provisoire – à un moment, quelqu’un va forcément mourir ou retourner chez lui s’occuper de sa vieille mère.

Ils ont déjà couché ensemble, mais cette fois, ils ont un accord précis : Gene va voyager en Amérique du Sud avec Lee et ça ne lui coûtera pas un sou, à condition qu'il soit "gentil avec lui deux fois par semaine" et l’aide à trouver de la drogue quand il se met à trembler trop fort. Du moins jusqu'à ce qu'ils trouvent du "yagé", une substance censée aider à développer des pouvoirs télépathiques.

Guadagnino livre ici un film historique : l'action se passe dans les années 1950, donc il y a des raisons pour que cette liaison soit aussi toxique. Le monde ne leur rend pas la vie facile, et ils le savent : ils ne peuvent que se cacher, fuir ou continuer à vivre à Mexico. City. C'est peut-être pour cela que dans ce film, le désir est toujours accompagné de beaucoup trop de mezcal et de tristesse.

Il a aussi pour compagnon de route le sentiment que le temps passe trop vite, alors il faut profiter de cet amour sur le champ, ou jamais. Lee sent bien que les jeunes gens le trouvent de plus en plus ennuyeux, peut-être à cause de son âge, ou de ses costumes de lin blanc, ou peut-être juste parce qu’il est comme il est. Il s’est résigné à accepter tout ce qui (ou quiconque) se présentera à lui. Mais Gene est différent.

Gene torture Lee comme il n’a jamais été torturé avant, puis le rend heureux. Craig (et Guadagnino) excelle à montrer ce que signifie désirer quelqu’un au point que vous en perdez tout votre pouvoir. Lee a tout vu, tout fait. Il répète continuellement à son ami qu'il ne faut pas ramener des garçons trouvés dans la rue à la maison, et puis c'est lui qui le fait. Il ne peut pas s’en empêcher. Quelle histoire d’amour bizarre, moite et tendre que ce film !

Queer, scénarisé par Justin Kuritzkes, est une coproduction entre l’Italie et les États-Unis qui a réuni les efforts de Fremantle, Fremantle North America, The Apartment (du groupe Fremantle ) et Frenesy Film Company, en collaboration avec Cinecittà et Frame by Frame. Les ventes internationales du film sont gérées par Fremantle International.

(Traduit de l'anglais)

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