email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

TORONTO 2024 Discovery

Critique : U Are the Universe

par 

- Dans son premier long-métrage Pavlo Ostrikov mélange SF existentielle, histoire d'amour et comédie pour livrer une étude sur l'amour, la solitude et le besoin de contact humain

Critique : U Are the Universe
Volodymyr Kravchuk dans U Are the Universe

Le réalisateur ukrainien Pavlo Ostrikov a présenté son premier long-métrage, U Are the Universe [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Pavlo Ostrikov
fiche film
]
, dans la section Discovery du Festival de Toronto. Cette comédie dramatique de science-fiction post-apocalyptique, agrémentée d'éléments romantiques, suit Andriy Melnyk (Volodymyr Kravchuk), un convoyeur de l’espace ukrainien qui transporte des déchets nucléaires vers Callisto dans un vieux vaisseau cargo délabré. Son seul compagnon est Maxim (qui a la voix de Leonid Popadko), un robot à un seul bras, joyeux mais légèrement irritant, dont la fonction première est d’assurer la survie et la santé mentale de Andriy. À mi-parcours, Andriy apprend qu’il est licencié de son travail. Peu après, il découvre qu’il est le dernier humain encore vivant dans l’univers. Tandis qu'il dérive dans l’espace, un faible signal provenant d'une station proche de Saturne lui offre une lueur d’espoir et une connexion potentielle, suggérant qu’il pourrait ne pas être totalement seul.

Ostrikov a exploré des sujets existentiels dans ses premiers courts-métrages, notamment When the Trees Fall, un drame intime ancré dans un contexte social plus vaste et dans la nature. Dans U Are the Universe, il prolonge cette réflexion et explore l’amour et l’isolement à une échelle plus vaste, cosmique même. Andriy, solitaire maladroit avec une faculté à sociabiliser et une intelligence émotionnelle limitées, incarne l’homme ordinaire. Son indifférence initiale en apprenant qu'un événement apocalyptique l'a laissé seul dans l’immensité de l’espace ne tourne pas au désespoir. Au contraire, il se met à profiter pleinement de ce qu’il lui reste d'existence, notamment des réserves de plus en plus faibles présentes dans son vaisseau spatial. Son sentiment d’avoir un objectif dans la vie revient quand il reçoit un message vocal émis à des millions de kilomètres et se lance dans une quête pour en découvrir la source.

U Are the Universe, initialement conçu comme une courte pièce de théâtre, conserve le côté intime de la comédie dramatique de chambre qu'il était au départ. Ostrikov, qui adapte ici son propre travail pour le grand écran, conserve un récit qui se déploie dans un espace réduit, porté par les dialogues, sachant que les interactions du héros sont limitées à celles qu'il a avec son compagnon robot, en plus de ses pensées personnelles. Le film évolue avec fluidité entre les genres : il commence comme un sitcom qui rappelle Red Dwarf, après quoi il rend hommage à des classiques comme 2001 : l'odyssée de l’espace, qu'il parodie gentiment, avant de prendre la forme d'une version intergalactique de Vous avez un message. Le coeur de l'histoire est le pouvoir de l'espoir et de la connexion humaine qui font qu'Andriy continue d'aller de l'avant alors que son vaisseau est en train de tomber en morceaux, faisant écho au thriller survivaliste cosmique Gravity [+lire aussi :
bande-annonce
making of
fiche film
]
d'Alfonso Cuarón.

Visuellement,  Ostrikov opte pour une esthétique patinée, usée, qui adjoint à la SF un réalisme brut. Le vaisseau est compromis et érodé et son intérieur rétro-futuriste, parfait par le vieux robot, va contre les représentations typiques des vaisseaux spatiaux, qui ont généralement des lignes pures et une ambiance aseptisée. Le chef opérateur Nikita Kuzmenko use de plans resserrés étouffants pour souligner l'élément oppressant de la situation du héros.

Ostrikov transforme ce drame introspectif existentiel en un film teinté de mélancolie, mais ancré dans l’humanisme, en se concentrant sur le combat d'un être pour trouver du sens à son existence face à une solitude qui le submerge de plus en plus. Si le récit se rapproche parfois de certaines figures connues du genre, Ostrikov évite la plupart du temps les plus gros clichés, notamment dans le troisième acte, où plusieurs coups de théâtre inattendus mènent à un final touchant mais dévastateur, sans perdre son fond humaniste.

U Are the Universe a été produit par ForeFilms (Ukraine) et Stenola Productions (Belgique). Les ventes internationales du film sont gérées par True Colours.

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy