email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SAN SEBASTIÁN 2024 New Directors

Critique : Brûle le sang

par 

- Akaki Popkhadze s’immerge dans le côté obscur et criminel de la Baie des Anges avec un thriller intense et féroce sur deux frères et une vengeance

Critique : Brûle le sang
Nicolas Duvauchelle et Finnegan Oldfield dans Brûle le sang

"Nice est un village, tout le monde sait qui est qui." Sous la surface du ciel bleu, des plages dansantes, de l’emblématique promenade des Anglais et des villas luxueuses de Saint-Jean-Cap-Ferrat, c’est dans une obscurité profonde et une violence souterraine aigue que plonge Brûle le sang [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Akaki Popkhadze
fiche film
]
, le premier long d’Akaki Popkhadze (cinéaste géorgien vivant en France) qui a électrisé la compétition New Directors du 72e Festival de San Sebastián. Car derrière les paillettes, en coulisses, c’est un monde de criminalité cosmopolite qui se convulse, un univers où, de manière encore plus ouverte qu’ailleurs, s’affrontent Dieu et le Diable dans un entrelacs féroce de lutte pour les territoires des trafics. Un cadre classique des films noirs que le réalisateur aborde par le versant familial avec deux frères que presque tout oppose.

"Donne-moi un nom." Tout commence par l’enlèvement en plein jour d’un avocat se retrouvant nu, à l’extérieur de la ville, sur un chantier déserté et sous la menace d’un chalumeau avant de finir, à l’état de cadavre, dans un camion benne empli de terre. Ce nom réclamé, il l’a évidemment donné et c’est celui d’un oligarque russe ayant récemment obtenu une concession balnéaire dans les environs. Cet homme, le père du jeune Tristan (Florent Hill) en est le chauffeur et il va en payer le prix, confondu avec son patron et assassiné sur une belle place de Nice. Une entrée en matière fulgurante et brutale pour un film qui s’installe au cœur de la petite famille géorgienne très modeste de Tristan (qui se destine au séminaire), frappée de plein fouet par ce deuil et qui voit resurgir le frère ainé, Gabriel (Nicolas Duvauchelle), exfiltré au pays depuis dix ans (après avoir été mêlé à des affaires de drogues réprouvées par la communauté géorgienne niçoise), désormais en quête de vengeance et qui renoue avec ses mauvaises fréquentations…

Découpé en quatre parties ("Au nom du père", "Vaincre le mal", "Tu ne tueras point", "Console ma peine"), Brûle le sang progresse à très vive allure et comme au bord du précipice sur un scénario percutant (écrit par le réalisateur et Florent Hill) et grâce à un très bon montage de Mathieu Toutlemonde. Perfusé sous influence James Gray (Little Odessa, The Yards, La nuit nous appartient) et Coppola (Le Parrain), le film enchevêtre Géorgiens, gitans, Bulgares, russes et Tchéchènes sous le soleil niçois, icones orthodoxes, cocaïne, argent roi des rêves d’ascension sociale, salle de judo, arrière-cuisines tumultueuses, tunnels meurtriers, cités malfamées, personnages instables, règlement de comptes sauvages, etc. Une partition en tension (autour du noyau du récit de deux frères qui s’aiment au fond mais la confiance ne règne pas…) très bien servie par tous ses interprètes (entre autres un Finnegan Oldfield déchaîné, mais aussi Denis Lavant, Sandor Funtek et Ia Shugliashvili) dans un festival de "sales gueules" très crédible. Un film respectant donc les codes du genre, sans les révolutionner certes mais avec une efficacité indéniable sous adrénaline.

Brûle le sang a été produit par Adastra Films (France) et coproduit par Beside Productions (Belgique) et Elly Films (Autriche). Urban Sales pilote les ventes internationales.


Galerie de photo 23/09/2024 : San Sebastian 2024 - Brûle le sang

8 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Akaki Popkhadze
© 2024 Dario Caruso for Cineuropa - @studio.photo.dar, Dario Caruso

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy