SAN SEBASTIAN 2024 New Directors
Critique : La llegada del hijo
par Alfonso Rivera
- Le deuxième long de Cecilia Atán et Valeria Pivato s'ajoute à la liste des titres qui interrogent avec vigueur et audace ce bonheur intouchable que semble devoir entraîner le fait d'être mère

La llegada del hijo [+lire aussi :
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fiche film], écrit et réalisé par Cecilia Atán et Valeria Pivato, a fait sa première mondiale dans le cadre de la compétition New Directors du 72e Festival de San Sebastián. C'est la deuxième fois que ces réalisatrices argentines participent avec un travail en duo à l'événement basque : leur premier film ensemble, La novia del desierto, avait été projeté dans la section Horizontes Latinos en 2017 après sa première à Cannes dans la section Un Certain Regard.
Dans cette nouvelle histoire, dotée d'une forte charge psychologique et d'une grande puissance visuelle, est interprété par Maricel Alvarez (une comédienne vue dans Biutiful [+lire aussi :
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fiche film] qui a lu hier, à San Sebastian, une partie d’un manifeste rédigé en signe de soutien au cinéma de son pays, très affecté par les mesures gouvernementales actuelles), Angelo Mutti Spinetta, qui joue son fils à problèmes, Cristina Banegas dans le rôle de la mère sévère et bourge du personnage central, et l'actrice espagnole Greta Fernández (déjà lauréate, à San Sebastian, d'un Coquillage d’argent pour son travail dans La hija de un ladrón [+lire aussi :
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interview : Belén Funes
fiche film]) dans celui de la prof de natation du jeune homme.
C'est un film qui parle des familles, des silences, de la frustration et de la maternité en s'appuyant sur les détails, les suggestions et des lieux de tournage aussi beaux que dramatiques qui permettent d'établir peu à peu l’état émotionnel passionnel non seulement de l’héroïne, mais de tout le film. La Llegada del hijo raconte comment Sofia, plongée dans un deuil secret, vit le retour de son fils après des années derrière les barreaux. Ces retrouvailles vont représenter pour eux deux l’occasion de résoudre la distance infranchissable qui les sépare depuis que s'est produit l’événement qui a conduit le fils en prison.
Sur un ton de mystère douloureux qui parcourt tout le film et va dévoiler lentement les terribles secrets que cachent les personnages de ce récit dramatique, La llegada del hijo (à la manière de We Need to Talk about Kevin [+lire aussi :
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interview : Lynne Ramsay
fiche film], mais sans en arriver aux mêmes extrêmes kamikazes), parle de la maternité sous l'angle terrifiant, des chaînes que celle-ci génère parfois et des dépendances qui peuvent s’établir entre une mère et sa progéniture. À cela il faut ajouter un certain arôme d’inceste – d'ailleurs, l'actrice principale rappelle un peu légèrement la Jill Clayburgh de La luna de Bernardo Bertolucci, qui parlait aussi de liens sentimentaux excessifs.
La llegada del hijo dépeint par ailleurs une classe sociale qui a tout, sur le plan matériel, mais à qui il manque une flexibilité mentale. Le film montre dans le détail comment les jeux de domination, entre les membres d’un foyer, peuvent se normaliser dangereusement et que l'homophobie peut provoquer des frustrations douloureuses et castratrices qui cause un sentiment de honte. Mais le film démontre surtout que le rêve doré de la maternité peut devenir un cauchemar angoissant, comme l'exprime une phrase qu'on entend dans cet intéressant long-métrage qui laisse sa marque, quand la mère voit pour la première fois son bébé, récemment sorti de son corps et dit : "J’ai été à la fois heureuse et horrifiée".
La llegada del hijo est une coproduction entre l’Espagne et l’Argentine qui a réuni les efforts de Setembro Cine, Tarea Fina et Tandem Films. Les ventes internationales du film sont gérés par l’agence états-unienne Visit Films.
(Traduit de l'espagnol)
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