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NAMUR 2024

Critique : Ollie

par 

- Dans son premier long-métrage, Antoine Besse use du motif du skateboard comme un véhicule pour une histoire d'amitié atypique entre deux outsiders – des personnages rarement représentés à l'écran

Critique : Ollie
Kristen Billon (à gauche) et Théo Christine dans Ollie

Dix ans après le court-métrage Le Skate moderne (2014), à l'époque très bien accueilli, le réalisateur français Antoine Besse présente son premier long-métrage, Ollie [+lire aussi :
interview : Antoine Besse
fiche film
]
, du nom d’une figure de base du skateboard qu'il est nécessaire de maîtriser pour sauter au-dessus d'obstacles et faire des flips. Le film a fait sa première internationale au Festival international du film francophone de Namur.

Le choix de ce titre est tout à fait pertinent pour trois raisons. D'abord, cette histoire dont on pourrait a priori penser qu’elle parle principalement de skateboard traite en fait de beaucoup plus de choses : le skate lui-même n'est qu'une catapulte pour faire décoller l’histoire, mais il aurait pu s'agir d’équitation ou d'une pratique musicale. Deuxièmement, pour le réalisateur, ce film représente un retour à ses racines, dans le petit village de la Dordogne où il a grandi. Enfin, les deux personnages principaux vont devoir faire un gros travail pour surmonter leur peine et le traumatisme qui les affecte.

Le début du film nous happe très vite. On y fait la connaissance d’un marginal d’une trentaine d’années, Bertrand (Théo Christine), qui s'engage, ivre, dans une baston juste après avoir sauvé un chien d’une situation d’abus. Très vite après, l'attention du film se tourne vers Pierre (Kristen Billon), un garçon de 13 ans qu'on a envoyé vivre à la ferme de son père, dans un village isolé, après la mort de sa mère, survenue brutalement. Les deux personnages sont mal intégrés à leur communauté : les seuls amis de Bertrand sont ses chiens et le seul plaisir qu'ait Pierre dans la vie est le skateboard – à l'école, les autres garçons le persécutent sans vergogne, et ils partagent en ligne des vidéos humiliantes de Pierre passé à tabac.

Quand Pierre demande à Bertrand, ancien skateur, de lui apprendre ses techniques, ce dernier hésite un certain temps, mais quand il se rend compte que le gamin est tout aussi marginalisé que lui, il accepte. Un lien fraternel va vite se développer entre eux.

Au début, Bertrand n’a nulle part où aller ; sa seule option est de couler, de plus en plus profond. Pierre représente une chance pour lui de repartir à zéro. Il devient protecteur par rapport au jeune garçon, qui de son côté gagne en confiance en lui, mais la situation de Pierre s’envenime quand il lance aux garçons qui le tourmentent à l'école le défi de le battre sur le terrain de skate.

Le rythme de l’histoire et la photographie reflètent le skateboard. Le film a ses hauts et ses bas, des scènes violentes difficiles à regarder et des scènes plus légères. Les mouvements de caméra sont en outre méticuleusement placés et permettent de maintenir tout du long l'intérêt du spectateur. Les deux acteurs livrent des interprétations très authentiques auxquelles se rapporteront très bien ceux des spectateurs qui ont grandi à la campagne. Quant aux citadins, ils devraient avoir moins de préjugés sur les campagnards après avoir vu le film.

Ollie évoque aussi des questions comme les difficultés des éleveurs de vaches laitières et le premier amour, mais malgré la densité de ces sujets, le film n'est jamais mièvre. Ceci étant dit, la relation entre le père de Pierre (Cédric Kahn) et son fils aurait pu être explorée un peu plus en profondeur.

Ollie a été produit par Rezo Productions. Après la mise en liquidation judiciaire de son distributeur Rezo Films par un jugement du Tribunal de Commerce de Paris daté du 12 mars 2024, ce film sera le dernier à être distribué par la société réputée. Les ventes internationales du film sont assurées par The Bureau Sales.

(Traduit de l'anglais)

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