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FILMS / CRITIQUES Belgique

Critique : TKT

par 

- Solange Cicurel se penche sur la mécanique infernale du harcèlement, dans un drame familial aux accents de sensibilisation

Critique : TKT
Lanna De Palmaert dans TKT

Après avoir réalisé deux comédies autour des liens amicaux et familiaux (Faut pas lui dire [+lire aussi :
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, Magritte du Meilleur premier film en 2018) et Adorables [+lire aussi :
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interview : Solange Cicurel
fiche film
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(sorti en 2020), Solange Cicurel change de cap et livre TKT, un drame assumé sur le harcèlement à l’école et sur les réseaux sociaux, qui sort aujourd’hui en Belgique distribué par sa société de production, Beluga Tree, avec la société de publicité dans les cinémas Brightfish.

On y suit Emma (Lanna De Palmaert), jeune fille de 16 ans qui semble avoir tout pour elle, mais se retrouve dans un lit d’hôpital, plongée dans un profond coma. A ses côtés, ses parents ne cessent de répéter : "J’aurais dû voir". Rongée par la culpabilité, sa mère (Emilie Dequenne) ne peut comprendre l’incompréhensible : comment sa petite fille a pu en arriver là ? D’abord frappée de stupeur, Emma, sortie de son corps, va tenter de comprendre ce qui l’a amenée là, et remonter le fil de ses souvenirs, revisitant certains épisodes plus ou moins récents qui mis bout à bout retracent l’histoire du harcèlement dont elle a été victime.

Comme souvent, ça commence par pas grand chose. Un pantalon blanc, une tache de sang, une vidéo qui circule. Une pression bon enfant, "pour rigoler". Sauf que l’incident déclenche une chaîne d’évènements qui prennent peu à peu une ampleur difficilement contrôlable, où la pression du groupe, la honte, et les réseaux sociaux offrent une caisse de résonance dramatique à ce qui au départ n’était presque rien. Alors qu’elle gravitait au centre d’un réseau social et amical à première vue accueillant, Emma se retrouve de plus en plus isolée. A la maison, elle se renferme, rompt la communication avec ses parents pourtant à l’écoute. "T’inquiète".

TKT revient point par point sur l’engrenage qui mène à un drame du harcèlement singulier mais qui pourtant fait écho à tant d’autres. A cet égard, le film de Solange Cicurel s’inscrit dans une réflexion sociétale d’importance. TKT est clairement pensé comme un film grand public, accessible aux adultes comme aux jeunes, cherchant notamment à adopter un langage cinématographique accessible aux ados, via la musique, ou le travail réalisé à l’image avec le chef opérateur Son Doan, inspiré par des séries comme Sex Education ou Euphoria.

Le film relève plus de la parabole que du drame social. L’ancrage y est délibérément flou, signifiant que l’histoire pourrait se passer n’importe où, et le personnage d’Emma malgré son assurance et ses indéniables atouts se retrouve victime à son tour, comme pour illustrer qu’il n’y a pas un profil type de harcelé, comme de harceleur d’ailleurs.

Pour incarner Emma, il fallait trouver une nature, un visage inconnu qui emporte une adhésion immédiate. Pari réussi pour la jeune Lanna De Palmaert, dont c’est le premier rôle, et dont la spontanéité et la photogénie en font une évidence. Dans le rôle des parents, Emilie Dequenne est une fois de plus impressionnante dans l’émotion pure, quand Stéphane De Groodt surprend dans un registre qu’on ne lui connaît que peu. Grâce à ces atouts et cette accessibilité, le film, qui devrait connaître une belle diffusion dans un cadre pédagogique, pourrait permettre d’entamer une conversation salutaire sur les ravages du harcèlement chez les jeunes, et ouvrir le dialogue entre les générations.

TKT est donc produit par Beluga Tree. Les ventes internationales sont assurées par Other Angle Pictures.

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