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SEMINCI 2024

Critique : Fin de fiesta

par 

- La productrice Elena Manrique passe derrière la caméra et livre un conte à la fois délicieux et acerbe qui s'en prend aux classes sociales riches, aussi hypocrites qu'élitistes

Critique : Fin de fiesta
Edith Martínez-Val dans Fin de fiesta

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, qui a fait sa première mondiale dans la section Discovery du dernier Festival de Toronto, est le premier long-métrage comme réalisatrice (après plusieurs courts et moyens-métrages) d’une personnalité plus que rompue sur ce terrain miné qu'on appelle production : Elena Manrique, qui est derrière des films à succès comme Le Labyrinthe de Pan [+lire aussi :
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, L'Orphelinat [+lire aussi :
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. Ce premier film est en lice pour l'Épi d'or de la 69e Seminci de Valladolid.

L’action se déroule en Andalousie. Là, un Africain sans-papiers poursuivi par la police parvient à se réfugier dans une magnifique demeure avec un jardin immense où on peut faire tout le tapage qu'on veut jusqu’aux petites heures du matin. De sa cachette, il observe, ébahi, les dynamiques de la relation entre la maîtresse de maison et sa servante dévouée. Un jour, il est découvert par la première, puis par la seconde, mais contre toute attente, aucune ne le dit à l’autre : chacune garde le secret sur le fait qu’il y a un troisième passager dans ce navire nourricier en dérive dans le temps et l’espace…

Cette trame, écrite par Manrique (qui a déjà travaillé sur un autre film sur des immigrés, El salto [+lire aussi :
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de Benito Zambrano, dont on retrouve d'ailleurs ici la comédienne principale, Edith Martínez-Val), sert à la réalisatrice pour bâtir une satire sociale actuelle spirituelle qui, si elle fait sourire, s’en prend aussi à cette élite fanfaronne qui s’accroche comme une sangsue à ses privilèges rances, tout en dépeignant une classe ouvrière qui survit grâce au mensonge et au subterfuge sous le joug ancestral de ses petites demoiselles réactionnaires et capricieuses.

La figure de l’immigré se transforme, dans cette intrigue, en regard extérieur (comme celui du spectateur) qui hallucine en constatant que dans cette société prétendument moderne se perpétuent en cachette des modèles esclavagistes. Par ailleurs, comme dans plusieurs classiques du Septième Art, de Théorème à Alien, l'arrivée de ce visiteur dans ce microcosme va en faire éclater toutes les règles établies et l'hypocrisie.

Fin de fiesta, bien porté par l'interprétation de Sonia Barba (qui vient du théâtre et de la performance mais s'avère une véritable découverte pour le cinéma) dans le rôle de Carmina, cette figure dominante, manipulatrice, égoïste et hédoniste arrimée à un passé de splendeur dont elle n'arrive pas à se défaire, est un film d'une fraîcheur et d'une canaillerie qui sont les bienvenues, dans le contexte du cinéma actuel. C’est un film qui ne se prend pas trop au sérieux, et ose reprendre le flambeau railleur du maestro Berlanga (qui s’en est pris à l’aristocratie dans des films inoubliables, comme par exemple La Carabine nationale). C'est un film qui invite le public, contrairement à ce que dit son titre, à profiter de la fête.

Fin de fiesta est une coproduction entre l’Espagne et la Belgique qui a réuni les efforts de La Claqueta, Perdición Films et Menuetto Films. Les ventes internationales du film sont gérées par Goodfellas.

(Traduit de l'espagnol)

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