email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VALENCE 2024

Critique : Un bany propi

par 

- Lucía Casañ livre une comédie dramatique intime, audacieuse et intéressante sur la quête d'indépendance et de liberté de la femme

Critique : Un bany propi
Nuria González dans Un bany propi

"Je n’ai jamais compris pourquoi les gens aiment l'odeur du napalm le matin, ni pourquoi c’est bizarre que j’aime l'odeur de la salle de bain. Vous savez, cet arôme dense, parfois fruité, mais c’est que pour moi, la salle de bain est le seul endroit où je peux dire 'occupé" et qu'ainsi on me laisse tranquille", dit l'héroïne d'Un bany propi [+lire aussi :
interview : Lucía Casañ Rodríguez
fiche film
]
, le premier long-métrage de la réalisatrice valencienne Lucía Casañ Rodríguez, qui a eu sa première mondiale au Festival de Shanghaï et fait à présent l’ouverture de la compétition officielle de la 39e édition de la Mostra de València-Cinema del Mediterrani.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
sunnysideofthedoc_2025_right_May

Le film, interprété par Nuria González, raconte l’histoire d’Antonia, une femme au foyer de 65 ans qui passe ses journées à vaquer à ses tâches domestiques et familiales. Cependant, cette femme à l’apparence affable a un étrange secret : elle est obsédée par la salle de bain. C’est le seul endroit où elle peut s'évader de sa vie monotone, le seul refuge où elle peut laisser libre cours à sa véritable vocation : écrire. Là, elle échappe à son quotidien : elle vit des situations uniques, noue des amitiés précieuses et parvient à être vraiment elle-même. À partir de là, en croisant drame, comédie absurde et récit fantastique, le film parle de la quête d’indépendance de la femme, du manque de parité, de la difficulté d'avoir son espace propre, indépendant de la famille et de son entourage, de tout ce qu’il l'entoure et l’enferme, de son désir d’être qui elle veut libre de toute attache, de sa solitude, du besoin que ce combat soit collectif, mais aussi des joies et des désillusions de la vie, de ce que le passage du temps fait aux gens, de pouvoir pouvoir de l’imagination et de l'art, de la quête de l’extraordinaire dans l’ordinaire.

"Une femme, pour être en mesure d'écrire, doit avoir de l’argent et une chambre à elle", a écrit Virginia Woolf dans Une chambre à soi. Lucía Casañ cite cette célèbre phrase de la célèbre écrivaine anglaise et la transforme en leitmotiv de film, en l'amenant sur son terrain avec une certaine originalité et de l’humour. L'idée de faire de cette pièce à soi la salle de bain est osée et ingénieuse, une hardiesse qui parvient parfois à surprendre et amuser, mais tombe d'autres fois dans le cliché facile ou dans des situations qui finissent par faire trop forcées ou peu crédibles. La réalisatrice joue avec une certaine tendance au surréalisme, au symbolisme et à la théâtralité (tant dans le fond que dans la forme, en mélangeant les esthétiques et en changeant régulièremment de ton et de genre), pour un résultat là aussi irrégulier : par moments, cela fonctionne et à d'autres moments, l'imposture est trop évidente. Cependant, malgré ses excès (ou ses carences), cette témérité joue tout de même en sa faveur. Le film, malgré son côté naïf et l'ingénuité avec laquelle il formule son message, ne perd jamais la fraîcheur et l'originalité de son point de départ, parvenant même à offrir quelques coups de théâtre inattendus et des moments aussi étranges que cocasses, tout en témoignant d'une tendresse et d'une empathie pour ses personnages qui s'avèrent compter parmi ses meilleures qualités.

Un bany propi est un premier long-métrage audacieux et intéressant qui n’a pas peur de faire des erreurs, d'échouer et de faire mouche, d'avoir son propre style et sa personnalité. C’est une tragicomédie intime sur la quête d'indépendance de la femme et à travers cela, c'est aussi une ode à l'imagination, à son pouvoir transformateur et libérateur. Un film aussi régulier que singulier.

Un bany propi a été produit par Producciones Televisivas Mecomlys. Les ventes internationales du film et sa distribution en Espagne sont assurées par Begin Again.

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy