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ROME 2024

Critique : Il ragazzo dai pantaloni rosa

par 

- Ce film de Margherita Ferri, sur le premier adolescent italien mort par suicide pour cause de cyberharcèlement, est riche en nuances et nous rappelle que ce danger est plus que jamais d'actualité

Critique : Il ragazzo dai pantaloni rosa
Claudia Pandolfi et Samuele Carrino dans Il ragazzo dai pantaloni rosa

Rome, le 20 novembre 2012 : un garçon de 15 ans met fin à ses jours après avoir subi un harcèlement significatif, à l’école et en ligne. Douze ans ont passé depuis ce premier cas reconnu d'adolescent mort suicidé à cause du cyberharcèlement, et pourtant peu de choses semblent avoir changé. Cet adolescent s’appelait Andrea Spezzacatena et c’était un garçon solaire et heureux, jusqu’à ce qu’il soit happé dans une cruelle spirale de moqueries et de honte à travers les réseaux sociaux, et finisse par ne plus voir d'autre issue. Il ragazzo dai pantaloni rosa [+lire aussi :
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, le nouveau film de Margherita Ferri (Zen sul ghiaccio sottile [+lire aussi :
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), raconte son histoire. Aujourd’hui, alors qu'une tragédie similaire vient de se produire à Senigallia (un adolescent de 15 ans s’est tiré une balle parce qu’il était malmené par ses camarades à l’école), ce film (qui sortira en Italie le 7 novembre, distribué par Eagle Pictures) est plus actuel que jamais et porte une mission importante : celle de briser le silence autour des conséquences fatales du harcèlement, sur internet et au-dehors.

Il ragazzo dai pantaloni rosa, qui a fait sa première mondiale à la 19e Fête du cinéma de Rome, dans la section Alice nella città, et ralliera bientôt le Festival Black Nights de Tallinn, parle plus de la vie d'Andrea que de sa mort. La voix off qui accompagne le récit est celle d’Andrea lui-même ("Aujourd’hui, j’aurais 27 ans, si..."), qui évoque à la première personne sa naissance, son enfance heureuse, ses bons résultats à l’école, sa bourse d’études, son talent pour le chant et, surtout, sa belle relation avec sa maman, Teresa (Claudia Pandolfi), affectueuse et empathique. Andrea (incarné par Samuele Carrino) est un garçon gentil, plein de vie, intelligent et libre, qui se lie d'amitié d'un côté avec une autre outsider comme lui, Sara (Sara Ciocca), de l'autre avec le garçon le plus populaire de l’école, Christian (Andrea Arru), un garçon beau mais aussi redoublant qui demande à Andrea de l'aide pour passer dans la classe supérieure. Sara essaie de mettre Andrea en garde par rapport aux ambiguïtés de Christian, dont le tempérament inconstant comporte clairement des risques. Parfois, Christian traite Andrea comme son meilleur ami, d'autres fois, il se moque, mais il n'y a ici aucune diabolisation : le bourreau donne l'impression de ne pas se rendre compte de ce qu'il inflige à Andrea (d'autant qu'à l’époque, le cyberharcèlement n’était pas encore un phénomène reconnu).

C’est entre l’authenticité du rapport du personnage avec son amie Sara et la tension d'une menace imminente personnifiée par ce camarade capable de changer de visage d’un moment à l’autre que nous est raconté le quotidien d’Andrea, aux prises avec la séparation de ses parents (le père est interprété par Corrado Fortuna) et le délicat passage à la première année de lycée. Le film, plein de lumière malgré tout et riche en nuances, a été tiré du livre que Teresa, la mère d’Andrea, a écrit après la mort de son fils (Andrea oltre il pantalone rosa, litt. "Andrea au-delà du pantalon rose"), quand elle a décidé de transformer la tragédie qui a frappé sa famille en un avertissement pour tous, pour que certains signes puissent être reconnus et que d'autres ne tombent pas dans les mêmes pièges. Teresa n'a compris ce qui se passait qu'après la tragédie, quand elle a découvert une page sur Facebook intitulée, justement, "Le garçon au pantalon rose", dont l'objectif était de se moquer d’Andrea pour la simple raison qu'il aimait porter un pantalon qui, de rouge, était devenu rose à cause d’un lavage en machine. Et à cet âge-là, c'est bien connu, "si tu as le sentiment d'être un perdant, tu penses que ce sera pour toujours". Ce film peut aider les jeunes à comprendre qu'il n'en est pas ainsi.

Il ragazzo dai pantaloni rosa a été produit par Eagle Pictures et Weekend Films. La sortie du film en Italie, le 7 novembre, sera précédée par trois jours de projections exclusives réservées aux scolaires (les 4,5 et 6 novembre). Le film sera également montré à l'école hôtelière Panzini de Senigallia que fréquentait Leonardo, le garçon qui s'est suicidé le 13 octobre dernier.

(Traduit de l'italien)

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