email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Belgique / France

Critique : L’art d’être heureux

par 

- Stefan Liberski est de retour avec une comédie mélancolique portée par un peintre tellement conceptuel qu’il en a perdu le sens de l’art et la manière - et de la vie aussi un peu

Critique : L’art d’être heureux
Benoît Poelvoorde et Camille Cottin dans L’art d’être heureux

Après s’être consacré ces dix dernières années à la littérature, l’artiste multi-facette Stefan Liberski est de retour au cinéma, où il s’était distingué avec son premier long, Bunker Paradise [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Stefan Liberski
fiche film
]
, mais aussi Baby Balloon [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, ou encore Tokyo Fiancée [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, adaptation d’Amélie Nothomb. Avec L’art d’être heureux [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Stefan Liberski
fiche film
]
, présenté en première mondiale à la Fête du Cinéma de Rome, demain 30 octobre en salles en France avec KMBO et le 13 novembre en salles en Belgique avec O’Brother Distribution, il dresse le portrait certes comique, mais aux accents aussi absurdes que mélancoliques d’un homme au bord de la crise de nerf sans même qu’il s’en rende compte, un artiste conceptuel en quête de sens, ou plutôt, perdu dans l’excès de sens et d’interprétation.

"Vous êtes peintre ?" "C’est un peu plus nuancé que ça." Pour Jean-Yves Machond, être peintre, est d’abord une performance. Retiré des pinceaux au profit de l’enseignement, Machond se cherche un nouveau départ, après avoir posé sa démission, et rendu les clés de sa maison bruxelloise. Il faut dire qu’il est loin derrière le temps où il agitait le petit monde de l’art contemporain en exposant des pièces vides, littéralement, mais pas conceptuellement. Mais comment se réinvente-t-on quand on a fait du rien sa marque de fabrique ? Après avoir épuré à l’extrême le signifiant, Machond se met en tête de retrouver le geste ancestral du peintre. Alors il s’installe sur la falaise d’où peignait Monet, il s’offre la blouse de Bernard Buffet, et regarde loin devant lui. Sauf que l’inspiration lui résiste. Ce n’est qu’en croisant d’autres peintres, de préférence du dimanche, qu’il va retrouver goût à l’art, et en passant, à la vie.

Stefan Liberski a pensé L’art d’être heureux de concert avec Benoît Poelvoorde présent dès les origines du projet, librement inspiré de La Dilution de l’Artiste de Jean-Philippe Delhomme. Le comédien est ainsi au coeur de cette comédie qui interroge tout autant le monde de l’art que notre rapport à la vie, qui de nos jours, semble sans cesse passer par la médiation de nos petits écrans. Comme si toute expérience n’était réellement vécue qu’en étant racontée, ou re-conceptualisée. C’est donc dans cette quête de la relation vraie qu’est lancé Machond, sans même forcément s’en apercevoir dans un premier temps, d’autant qu’il s’égare auprès de Cécile, galeriste parisienne motivée par ses propres névroses. C’est en se rapprochant de gens plus simples, aux deux pieds fermement ancrés dans la terre que Machond comprendra ce qui le meut vraiment. Autour de Benoît Poelvoorde, Liberski a convoqué un aréopage de comédiens et comédiennes venus d’univers différents, peut-être parfois trop différents d’ailleurs. Camille Cottin, Gustave Kervern, ou encore François Damiens gravitent autour de lui, chacun sur le registre qui lui est propre. L’envie d’insolite prend souvent le dessus sur le trouble ou l’émotion, si bien que le spectateur cherche parfois le sens, à l’image de Machond. Si quelques séduisantes idées émaillent le récit, comme cet artiste qui s’auto-interviewe, dans l’édification de sa propre légende, le film, en partant dans toutes les directions à l’image de son casting, nous perd parfois, au risque de perdre l’empathie que l’on pourrait ressentir pour Machond.

Produit en Belgique par Artemis Productions, et coproduit en France par Le Bureau Films, L’art d’être heureux est vendu à l’international par The Bureau Sales.

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy