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BLACK NIGHTS 2024 Compétition

Critique : Dis-moi juste que tu m'aimes

par 

- Dans le nouveau thriller domestique d'Anne Le Ny, une idylle familiale est mise à l'épreuve et menacée par la réapparition d'une femme que le mari a autrefois aimée

Critique : Dis-moi juste que tu m'aimes
Omar Sy et Vanessa Paradis dans Dis-moi juste que tu m'aimes

Dans le corpus comme scénariste et réalisatrice de l’actrice Anne Le Ny, les dynamiques des relations humaines ont une place centrale, quel que soit le contexte dans lequel l'auteure les aborde (au sein d'un couple, d'un mariage, d'un duo d’amis, d'une famille...). Bien qu'elle s'en tienne habituellement aux genres typiquement rattachés à ce style d'histoires (la comédie ou la comédie dramatique), depuis son film précédent, Le Torrent [+lire aussi :
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(2022), elle badine avec une approche différente, dans la lignée du thriller. Son nouveau film, Dis-moi juste que tu m'aimes [+lire aussi :
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, qui contient quelques éléments de thriller, vient de faire sa première mondiale en compétition au Festival Black Nights de Tallinn.

Cela fait quinze ans que Julien (Omar Sy) et Marie (Élodie Bouchez) sont heureux dans leur mariage et vivent avec leurs deux filles une idylle familiale, mais soudain, le retour d’une personne, Anaëlle (Vanessa Paradis), menace de tout détruire. Anaëlle a longtemps été la petite amie de Julien quand ils étaient jeunes, et puis elle l'a quitté du jour au lendemain, sans explications, quinze ans plus tôt. Entretemps, elle a vécu à la Réunion, elle s'est mariée, elle a divorcé, et la voilà qui revient dans sa ville natale, dans l’idée d’y ouvrir un bar. Marie, qui a dorloté un Julien meurtri et déprimé après sa rupture, grâce à laquelle il a pu aller mieux, craint qu’il retourne vers Anaëlle.

Dans le même temps, la société de Marie est frappée par une crise qui nécessite un audit pour comprendre ce qui se passe et réfléchir à une restructuration. Un expert, Thomas (José Garcia), arrive donc de Paris pour procéder à l'audit. Au début, il fait l'effet d'un homme affable, sensible et raisonnable, de sorte que Marie, déjà persuadée que Julien la trompe, entame une liaison avec lui, ce qui a aussi l'avantage de lui permettre de grimper des échelons dans la hiérarchie de la société. Sauf qu'il s'avère très vite que Thomas est aussi manipulateur (et donc aussi dangereux) qu’il est obsédé par elle…

Le décor est planté pour un thriller domestique. Au début, l’approche narrative d’Anne Le Ny est bien mesurée et extrêmement patiente. Le style est habile, mais cependant légèrement banal et stérile, de même que le travail tout à fait correct de Laurent Dailland à la caméra et le montage peu invasif de Virginie Bruant. La musique conçue pour faire monter la tension de Benjamin Esdraffo étant la seule indication que l’intrigue va se corser d'ici la fin du film, mais quand cela se produit, à peu près à la moitié du métrage, il semble qu'Anne Le Ny n’ait plus beaucoup d’idées quant à ce qu'elle veut en faire, sauf à glisser par-ci par-là de petits coups de théâtre abrupts qui font l'effet de manœuvres dilatoires pour retarder le dénouement. Le résultat est un film beaucoup trop long de 110 minutes qui paraît durer plus longtemps.

Ce qui sauve un peu Dis-moi juste que tu m'aimes, ce sont les acteurs, parfaitement choisis, et le bon travail qu'a fait la réalisatrice avec eux, ce qui n’est pas une surprise puisqu'elle connaît bien ce métier, ayant à son actif des dizaines de rôles pour le grand comme le petit écran. Guidés par elle, Omar Sy devient l’incarnation de la décence en tant que mari et que père, et Élodie Bouchez celle d'une femme qui se laisse brièvement entraîner dans une situation qu’elle ne pouvait pas prévoir, tandis que Vanessa Paradis dégage l’énergie d’une femme qui veut recommencer sa vie. Les comédiens qui se distinguent le plus sont néanmoins José Garcia, qui tenait le premier rôle du film précédent de Le Ny et opère ici une transition captivante de type apparemment romantique à obsédé du contrôle, et Jennifer Decker dans la peau de Cassandra, la sœur à l'âme artistique de Marie, qui sert aussi à créer un sentiment de communauté parmi les personnages.

Dis-moi juste que tu m'aimes a été produit par Korokoro Productions, MoveMovie et France 2 Cinéma en coproduction avec Panache Productions (Belgique), et avec la participation de France Télévisions et Disney+. Les ventes internationales du film sont gérées par SND Groupe M6.

(Traduit de l'anglais)

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