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BLACK NIGHTS 2024 Critics’ Picks

Critique : Il corpo

par 

- Le nouveau film de Vincenzo Alfieri est un remake du film à mystère d'Oriol Paulo en forme de thriller érotique torride

Critique : Il corpo
Andrea Di Luigi et Claudia Gerini dans Il corpo

En 2017, Alex de la Iglesia a réalisé un remake de Perfetti sconosciuti [+lire aussi :
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de Paolo Genovese (2016). À présent, le cinéma italien retourne le compliment à l’Espagne avec le remake par Vincenzo Alfieri de Il corpo [+lire aussi :
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d'Oriol Paulo (2012). Le lien entre les deux films originels est qu'ils ont donné lieu à de multiples nouvelles versions : il existe une vingtaine de remakes du film de Genovese, et pour celui de Paulo, le remake d'Alfieri est le quatrième. Quoiqu’il en soit, cette nouvelle version en date a fait sa première mondiale dans la section compétition Critics’ Picks du Festival Black Nights de Tallinn, et il va ensuite rallier Turin.

L’intrigue de base est la même dans toutes les versions : le corps d’une femme d’affaires riche et puissante, apparemment morte d’une crise cardiaque, a disparu de la morgue juste avant l’autopsie. L’inspecteur qui s'occupe de l'affaire, acharné et brutalement direct, voit le mari de la femme, qui en l'épousant à accédé à sa fortune familiale, comme le suspect principal, mais ce dernier va tout faire pour le convaincre qu’il est innocent, quitte à admettre qu'il était infidèle et à impliquer sa jeune maîtresse, qu’il essayait d'abord de protéger. Cependant, la version d’Alfieri propose ses propres coups de théâtre et touches de sel, assez pour faire l'effet d'être originale et intéressante.

Au niveau de l'intrigue, le changement le plus intéressant est sans doute le fait que la victime, Rebecca Zuin (Claudia Gerini), est maintenant présentée comme une femme méchante, grisée par sa position de pouvoir, qui prenait un malin plaisir à jouer des tours cruels à son mari Bruno (Andrea Di Luigi). L'autre divergence est que l'irascibilité de l’inspecteur Cosser (Giuseppe Battiston) est plus apparente que dans les autres versions, de sorte qu'on a davantage l'impression qu'il s'acharne sur Bruno. Ceci aurait pu aboutir à une domination totale de Battiston par rapport à Di Luigi, mais dans l’interprétation que livre ce dernier de Bruno, le personnage est plus blasé qu’il n'est faible. Par ailleurs, les relations entre les personnages centraux et les personnages secondaires sont plus approfondies, ce qui souligne la composante mélodramatique du film.

En termes d'exécution, Il corpo est impressionnant à bien des égards. Le ton de mélodrame du film, qui arrive presque au niveau d'un feuilleton télévisé tant les coups de théâtre et revirements sont nombreux, permet à Claudia Gerini de briller dans le rôle de Rebecca, même si son personnage n’apparaît que dans des flashbacks. À ce propos, Alfieri parvient à réfuter la thèse selon laquelle utiliser des flashbacks pour raconter des mensonges n’a aucun sens, arguant que la vérité est une question de perspective, selon les personnages. Mais le plus grand accomplissement d'Alfieri ici est peut-être le fait qu'il ait su résister à la tentation de faire de Il corpo un néogiallo, alors que le matériel-source lui en offrait tous les instruments. Le réalisateur italien limite l'élément giallo aux départements photographie et éclairage (on doit à ce sujet saluer le travail du chef opérateur Andrea Reitano, qui a superbement filmé l'intérieur de la morgue en jouant avec la lumière et les ombres) et à la musique dominée par le synthétiseur (composée par Francesco Cerasi), qui sourd aux bons moments.

Si le réalisateur se sent manifestement à l'aise avec les genres polars et thriller, il puise aussi dans d'autres références, en particulier le cinéma américain de la fin des années 1990 et du début des années 2000, notamment les thrillers érotiques. Il corpo d'Alfieri est assez torride et salace pour que le film fonctionne parfaitement pour le grand public. De fait, c’est résolument un film qui conviendra bien mieux aux salles qu'au circuit des festivals, dominé par les films d'auteurs.

Il corpo a été produit en Italie par Sony Pictures International Productions et Eagle Pictures.  Les ventes internationales du film sont assurées par Columbia Pictures Industries, Inc.

(Traduit de l'anglais)

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