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CINEMAMED 2024

Critique : Puisque je suis née

par 

- Jawad Rhalib suit une petite villageoise du Haut Atlas qui lutte pour poursuivre ses études, et dresse ainsi le portrait subtil d’une population rurale travaillée par les défis

Critique : Puisque je suis née

Après avoir fait sensation avec son long métrage de fiction, Amal [+lire aussi :
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, qui traitait des enjeux rencontrés par une enseignante confrontée à la question de la liberté d’expression, Jawad Rhalib revient à la forme documentaire, genre dans lequel il s’est de nombreuses fois distingué, avec des films comme El Ejido, la loi du profit, ou Au temps où les Arabes dansaient [+lire aussi :
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. Dans ce nouveau film, Puisque je suis née [+lire aussi :
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, présenté en avant-première au Cinemamed, il approfondit un terrain de recherches déjà abordé dans Fadma: même les fourmis ont des ailes [+lire aussi :
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. En effet, il retourne dans le Haut Atlas, dans un petit village coupé de tout ou presque, où l’accès à l’éducation est un défi chaque jour renouvelé pour les enfants en général, et les petites filles en particulier.

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Il y suit Zahira, en dernière année de primaire, confrontée à un choix primordial pour son avenir: continuer ou pas ses études. A l’école, son institutrice fait tout pour donner aux élèves le goût d’apprendre, et nourrir leurs rêves d’avenir. Mais au village, les avis divergent. Divisés par les règles tacites qui priment dans cette micro-société, femmes et hommes discutent, chacun de leur côté. Tandis que les femmes perçoivent avec une vraie lucidité tout à la fois la réalité du devenir femme, et la nécessité de prendre en charge la logistique quotidienne de la communauté, les hommes rappellent la valeur économique du travail domestique des jeunes enfants, et craignent que l’exemple de l’une ne donne des envies d’ailleurs aux autres. Jawad Rhalib filme ces conversations comme une dialectique exposant les enjeux liés à ces questions, les opinions contradictoires se faisant jour peu à peu, sans jugement.

Souvent tapie dans l’ombre, Zahira écoute, interprète, digère les avis des adultes pour nourrir ses propres convictions. Le film est le récit de son émancipation, mais aussi du combat dans lequel elle s’engage, avec à ses côtés, malgré ses réticences initiales, son père qui consent à aller à l’encontre des avis majoritaires pour envoyer sa fille faire des études, mais qui souligne la valeur d’investissement de son geste. Zahira devient son pari sur l’avenir, c’est sur ces épaules que reposera le devenir de la famille.

Portrait de Zahira, qui lutte contre l’assignation à résidence promise par les enjeux territoriaux et sociaux qui définissent son village, Puisque je suis née donne à ressentir le temps long de la vie des villageois, par une approche contemplative qui prend le temps de voir défiler les saisons. Et qui se laisse rattraper une ultime fois par le temps de la nature, quand le terrible séisme qui a dévasté la région en septembre 2023 préside à la fin du récit. En braquant les projecteurs sur la dure réalité de ces populations rurales, le tremblement de terre contribue en dernier lieu à faire du destin de Zahira une exception, mais aussi une source d’espoir, un exemple possible d’émancipation par l’éducation.

Puisque je suis née est produit par R&R Production (Belgique et Maroc), ainsi que par Scope Pictures (Belgique). Les ventes internationales sont arrosées par Belgian Docs.

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