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LANZAROTE 2024

Critique : 7 promenades avec Mark Brown

par 

- Vincent Barré et Pierre Creton accompagnent le botaniste du titre à plusieurs excursions dans la nature normande, où les détails revêtent cette grande valeur que la vie vécue en accéléré camoufle

Critique : 7 promenades avec Mark Brown
Mark Brown dans 7 promenades avec Mark Brown

7 promenades avec Mark Brown, le nouveau fruit de la collaboration récurrente entre l’artiste Vincent Barré et Pierre Creton (Un prince [+lire aussi :
critique
interview : Pierre Creton
fiche film
]
), également jardinier, a reçu, à la 14e 14.ª Muestra de Cine de Lanzarote, deux mentions spéciales : celle du jeune jury et celle du jury officiel, qui a fait observer dans son commentaire que les cinéastes français, en filmant ainsi la minutie de la vie réelle, ont retrouvé l’esprit des frères Lumière et que ce film s'est démarqué par sa luminosité parmi les titres qui ont participé à cette compétition pleine d'histoires ténébreuses, dramatiques et terribles.

Indéniablement, ce petit grand film, qui a fait sa première mondiale au FIDMarseille en juin dernier et y a décroché le Prix du Centre national des arts plastiques (Cnap), est pure lumière. Tout le film se passe en extérieur, parmi les forêts, les prairies et les plages normandes, où un groupe de personnes et un labrador couleur chocolat accompagnent le botaniste britannique Mark Brown. Ils regardent, filment et apprennent des plantes, de la plus simple des fleurs à la plus sophistiquée (et bien camouflée) des plantes carnivores – puisqu'apparemment, cette espèce qu'on pourrait croire exotique existe plus près qu’on ne le pensait.

Le film, organisé en diptyque, propose une première partie (tournée en numérique) en forme de "making of" d'un film à venir : on y voit comment ce troupeau humain équipé d'une caméra déambule à travers sept lieux différents, en accordant une attention soigneuse et respectueuse à la flore qui y pousse librement. Dans la deuxième partie du film, on assiste au résultat de leur travail : un glossaire d’images frontales de plantes que le scientifique du titre décrit en précisant leur nom, leur origine et leurs caractéristiques, plantes dont une caméra argentique a su saisir l’âme – un geste qu'on a pu voir dans la première partie du documentaire.

Loin des documentaires sur la nature spectaculaires et épiques que proposent la télévision et les plateformes du monde entier et dont le public est très friant, 7 promenades avec Mark Brown mise sur l'humilité, la simplicité et la tranquillité, comme s'il était un prolongement naturel du festival canarien.

Long-métrage furieusement indépendant dont les réalisateurs se sont aussi occupé du scénario et du montage (un des personnages, pour plaisanter, le compare à Un dernier jardin de Derek Jarman), 7 promenades avec Mark Brown invite le spectateur à cesser de se précipiter et à se laisser pénétrer par le calme, à revenir à l’essentiel et laisser de côté les écrans, à partager des soirées avec des amis ou des voisins et permettre (comme on a l'impression de le voir à certains moments du film) à la nature de nous observer en retour.

Le film dénonce par ailleurs le fait que le changement climatique et la présence fongicide des être humains est en train d’affecter tous les êtres vivants (les plantes, les insectes, les arbres), dont certains, hypersensibles, qui après être parvenus à survivre pendant des milliers d’années, voient leurs jours peut-être comptés, mais il le fait en prenant la forme d'une gentille leçon de botanique détendue et minutieuse pendant laquelle quelqu'un, d'excursion en excursion, couche ses impressions dans un "livre des rêves", qu'une autre personne dessine des fleurs dans son cahier et que Mark Brown livrent des perles de sagesse comme "soyons humbles et simples comme des fleurs des bois" ou "laissons parler les plantes". À la fin du tournage, ému, la larme à l'oeil, il décrit ce périple cinématographique comme "sept jours de bonheur".

7 promenades avec Mark Brown a été produit par la société parisienne Andolfi.

(Traduit de l'espagnol)

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