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LES ARCS 2024

Critique : Samia

par 

- À travers un biopic efficace, Yasemin Samdereli et Deka Mohamed Osman mettent en lumière la destinée exceptionnelle et poignante de l’athlète somalienne Samia Yusuf Omar

Critique : Samia
llham Mohamed Osman dans Samia

"Je serai la fille la plus rapide du monde." Quand une enfant de Mogadiscio, née en 1991 dans une Somalie en proie de longue date aux conflits armés internes, assène avec aplomb ce genre de certitude, cela peut prêter à sourire comme un doux rêve inaccessible. Mais Samia Yusuf Omar avait l’athlétisme dans la peau et atteindra les Jeux Olympiques de Pékin en 2008. C’est cette trajectoire bien réelle et extraordinaire, nourrie d’espérances et de drames, retracée dans le roman Ne me dis pas que tu as peur de Giuseppe Catozzella, qui a inspiré à la cinéaste germano-turque Yasemin Samdereli et à l’italo-somalienne Deka Mohamed Osman le long métrage de fiction Samia [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Yasemin Şamdereli et Deka …
fiche film
]
, mention spéciale à Tribeca et présenté en première française au 16e Les Arcs Film Festival, dans la section Playtime.

Introduit par des archives télévisuelles expliquant succinctement le tumultueux et belliqueux contexte somalien ayant succédé à la dictature de Siad Barre, le film se déploie sur deux temporalités : en 2011-2012 quand Samia (Ilham Mohamed Osman) tente de migrer vers l’Europe et se retrouve emprisonnée par des passeurs cupides (et violents) dans le désert libyen, et au tournant des années 2000 quand la petite fille (Riyan Roble) termine 8e d’une compétition annuelle de course à pied mêlant amateurs et professionnels dans les rues de la capitale somalienne. Encouragée par son père (Fatah Ghedi) et bien décidée à gagner l’édition suivante ("je peux le faire et je le ferai"), Samia s’entraine avec acharnement avec l’aide de son jeune cousin Ali (Zakaria Mohammed) et malgré l’hostilité d’une partie de sa famille (tous vivant sous le même toit) convaincue par la religion et le patriarcat ambiant que les femmes n’ont pas à entretenir ce genre de rêve. Mais rien n’entravera la volonté de Samia, en dépit des malheurs qui s’abattent sur son pays et sur ses proches tandis qu’elle grandit et devient la femme la plus rapide de Somalie…

Couvre-feu, milices armées, joug de l’Union des tribunaux islamiques ("les temps ont changé. Tu dois porter le voile – Comment je vais courir là-dedans ?"), ascension sportive malgré les complications locales : le film mêle habilement la grande Histoire et la petite (en utilisant notamment les infos radiophoniques pour marquer le passage du temps) jusqu’au Graal de la participation aux Jeux Olympiques. Mais viendra ensuite la route de l’exil ("tu es en danger, ils gardent un oeil sur toi parce que tu as couru sans voile") et d’autres périls. Portrait très attachant d’une destinée héroïque et tragique symbole de la lutte pour l’émancipation, Samia est un film limpide accessible à tous les publics et bien emballé par la musique de Rodrigo D’Erasmo. Et ainsi que la chanson finale le murmure : "comme ça, on pourra dire qu’on la connait." 

Samia est une production associant l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni et la Suède via Indyca, Rai Cinema, Neue Bioskop Film, Tarantula, BIM Produzione, Momento Film, Pont Neuf Productions et Film I Vast. mk2 Films pilote les ventes internationales.

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