Clermont-Ferrand dévoile ses sélections compétition
par Laurence Boyce
- Du 31 janvier au 8 février, le plus grand festival dédié au court-métrage du monde se prépare à présenter plus de 140 titres en tout dans ses trois sections compétition

Comme toujours au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand (31 janvier-8 février 2025), les trois programmes compétition qui forment le cœur du festival réunissent une sélection éclectique et diversifiée de courts-métrages venus des quatre coins du monde, ce qui va donner à son vaste public (160 000 visiteurs en 2023) l’occasion d'avoir un bel aperçu de ce qui constitue l’univers du court-métrage actuellement. Les titres sélectionnés traitent de sujets pressants (comme la guerre, le déplacement et l'angoisse) et des thèmes intemporels comme l’amour, la vie et la mort.
Parmi les films retenus pour le compétition internationale figure We Beg to Differ de Ruairi Bradley (Irlande), un documentaire sur l’activité illégale du "diffing" (qui consiste à faire tourner des voitures en rond) et la communauté qui la pratique qui brille par son empathie. Comme beaucoup de documentaires formidables, ce titre plein d’humanité et d’humour donne la parole à des gens qui se la voient souvent refuser. Si le film a gagné en notoriété sur le circuit britannique ces derniers mois (décrochant qui plus est une nomination pour les European Film Awards 2025 dans la catégorie meilleur court-métrage), il a encore une belle carrière à faire à l'international. On peut citer un autre film très empathique et humain : le court-métrage de fiction espagnol Made of Sugar de Clàudia Cedó, sur une femme de 30 ans nommée Maria qui bien qu'atteinte d'un handicap intellectuel, souhaite devenir mère. Ce film farouche et fort se penche sur la notion d’autodétermination au sein d'une communauté qui est souvent ignorée et qu’on méprise. Sorry I’m Late (But I Bought a Choir) de Håkon Anton Olavsen (Norvège), tout aussi fort mais de manière plus tendre et touchante, parle d'un homme qui arrive en retard à une fête, mais qui (Eh oui ! Vous avez bien deviné !) amène avec lui une chorale. Le film fait un usage puissant du médium court-métrage : à partir d'une idée farfelue, il livre quelque chose de profond.
Parmi les titres plus reconnaissables de la compétition internationale, on trouve The Man Who Could Not Remain Silent de Nebojša Slijepčević (Croatie). Après la Palme d'or du court, le European Film Award dans sa catégorie et, tout récemment, une présélection pour les nominations aux Oscars (lire l'article), ce film qui le mérite devrait continuer de s'illustrer sur le circuit des courts-métrages. On the Way de Samir Karahoda (Kosovo), nominé l'année passée aux European Film Awards, continue aussi de charmer le public par son humour pensif et la satire acérée qu'il propose. Le documentaire d’animation Percebes, de Laura Gonçalves et Alexandra Ramires (Portugal/France), qui pose un regard poétique sur le cycle de la vie d'une bernacle, est également très populaire : le film a remporté le Cristal du meilleur court cette année à Annecy (lire l'article).
La France étant un des pays les plus prolifiques du monde en termes de production de courts-métrages, il n’est pas surprenant qu'il y ait beaucoup de petites merveillles à découvrir en compétition nationale. On peut citer notamment Mort d’un acteur d'Ambroise Rateau, qui propose une déconstruction délicieusement narquoise de la culture moderne portée par une interprétation "méta" magistrale de la part de Philippe Rebbot dans le rôle principal. Le touchant film d’animation Beurk ! de Loïc Espuche va continuer d'enchanter les spectateurs de tous âges avec son histoire de premier baiser. Volcelest d'Éric Briche, beaucoup plus sombre, propose une exploration évocatrice de la réalité du monde naturel.
La compétition Labo, dédiée aux films expérimentaux, va présenter notamment Tako Tsubo de Fanny Sorgo et Eva Pedroza (Autriche/Allemagne), un examen chaotique de la vie moderne qui a fait sa première en compétition cette année au Festival de Berlin, ainsi que le film d’animation aussi brillant que dérangeant La Fille qui explose de Caroline Poggi et Jonathan Vinel (France).
(Traduit de l'anglais)
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