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FILMS / CRITIQUES Belgique

Critique : L’acier a coulé dans nos veines

par 

- Thierry Michel et Christine Pireaux reviennent sur l’épopée industrielle de la sidérurgie qui fit la prospérité de la Wallonie

Critique : L’acier a coulé dans nos veines

Depuis le début de leur carrière, Thierry Michel et Christine Pireaux se penchent sur la place de la sidérurgie en Belgique, et en particulier en région liégeoise. Ainsi en 1980 déjà réalisaient-ils Chroniques des saisons d’acier, qui suivait le destin de quatre générations face à la sidérurgie. Avec le documentaire L’acier a coulé dans nos veines, qui sort ce 22 janvier en Belgique avec Le Parc Distribution, ils prolongent tout à la fois cette réflexion et de travail de mémoire.

Décembre 2016 : le HF6, haut fourneau emblématique de la ville de Seraing, près de Liège, est dynamité sous les yeux de la population. Cet effondrement signe la fin d’une époque, dont les grandes étapes vont nous être retracées dans le film. En ouverture, une voix off solennelle nous rappelle les enjeux industriels, sociaux et symboliques que représentent ces cathédrales de fer qui dominèrent longtemps les terres liégeoises. Malgré le mur qui séparait les usines des habitations, toute la communauté vivait au rythme des machines. A la mi-temps du XXe siècle, les hauts-fourneaux emploient près de 50.000 hommes, qui se relaient 24 heures sur 24 pour nourrir la bête. Les images d’archives saisissent le caractère spectaculaire de ces rivières de feu incandescentes, domptées par le savoir-faire des hommes. Ce sont d’ailleurs plusieurs générations d’hommes qui témoignent, d’abord à propos de leur outil de travail, symbole de fierté, mais très vite, c’est le récit des luttes syndicales qui s’impose. Au tournant des années 80 débute l’inexorable chute de l’industrie de l’acier, qui connaît une succession de soubresauts, et la disparition progressive de la force de travail. Pendant près de quarante ans, le combat collectif épuise les âmes autant que les corps. Si la solidarité coule dans leurs veines autant que l’acier, la lutte contre la mondialisation et le grand capital ne se fait pas à armes égales. En 2013, Arcelor-Mittal met fin définitivement à l’aventure. Les hommes qui témoignent dans le film partagent leur exaltation, leur engagement, leur fierté, mais aussi les traces qu’ont laissé ces combats, les familles négligées, les accidents et les suicides.

Avec ce film d’un grand classicisme, qui relate chronologiquement l’histoire de la sidérurgie liégeoise, alternant les témoignages face caméra et de nombreuses images d’archives, les cinéastes offrent une caisse de résonance richement documentée aux témoins d’une époque révolue, celle de la gloire industrielle de toute une région. L’acier a coulé dans nos veines fait oeuvre de mémoire, pour ancrer dans les esprits la passion des hommes, et l’inexorabilité du remps qui passe. La fragilité inattendue, aussi, d’empires industriels, colosses aux pieds d’argile rattrapés par l’effondrement.

L’acier a coulé dans nos veines est produit par Les Films de la Passerelle, la société de Thierry Michel et Christine Pireaux.

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