27/01/2025 - Ce premier long touchant par Christian Filippi décrit la désillusion d'un jeune pensionnaire de foyer d'accueil qui rêve de vivre avec sa mère, mais se trouve contraint de voir la réalité en face

Riccardino veut revoir sa mère, à tout prix. Pour atteindre son objectif, il menace même de se jeter du toit du foyer d’accueil où il vit depuis déjà quatre ans, son arrivée correspondant au moment où sa mère a été internée dans une clinique psychiatrique. Riccardino va bientôt avoir 18 ans et le jour de son anniversaire est une date cruciale, parce qu’une fois majeur, il pourra enfin réaliser son rêve. Le premier long-métrage de Christian Filippi, Il mio compleanno [+lire aussi :
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fiche film], propose le récit viscéral du passage du rêve à la désillusion de ce petit jeune homme qui n'a pas eu de chance (mais qui à de la détermination à revendre) et s'est trouvé contraint, comme beaucoup d’autres camarades de son âge, de vivre dans les marges de la société, qui plus est sans parent pour le guider.

"La manière dont cette génération aborde les situations douloureuses n’est pas juste découragée ou passive", précise le réalisateur romain de 33 ans, qui a coécrit le scénario du film avec Anita Otto à partir d'un laboratoire d’écriture qu’il a tenu dans les foyers d’accueil de Rome en 2018. "Au contraire, poursuit-il, elle se caractérise par une ironie prononcée et un humour irrévérencieux qui lui permet de se protéger de ses fantômes". C’est d'ailleurs le sourire courageux et narquois de Riccardino (Zackari Delmas) qui vous reste en tête en sortant de ce film qui, après avoir été présenté à la Mostra de Venise en 2024 parmi les projets Biennale College Cinema, a remporté une mention spéciale du jury Alice nella Città à Rome et été sélectionné au 36e Festival de Trieste dans la section INCinema, dédiée au cinéma inclusif.

La première partie du film, tourné dans un format 4/3 qui se resserre efficacement autour des corps et des visages de ses personnages, se déroule exclusivement dans les espaces de la vie du foyer d’accueil où Riccardino, rebelle et têtu, se sent comme un oiseau en cage. Il y est obligé d'obéir aux règles rigides de l’établissement, mais il est aussi suivi par deux éducateurs aimants et empathiques incarnés par Simone Liberati et Giulia Galassi. Le personnage de cette dernière en particulier, si dévouée à son métier qu'elle n'a pas de vie en dehors de la structure, prend le cas de Riccardino à cœur, mais même elle n’arrive pas à persuader le jeune homme de renoncer à son unique objectif, qui est de se réunir avec sa mère, affectée d’un trouble bipolaire. La deuxième partie commence à l’extérieur du foyer. C'est là qu’on fait la connaissance de la jeune mère  (Silvia D’Amico) avec laquelle Riccardino entreprend de faire une fugue déraisonnable, entre amour et désespoir, embrassades et rejet, sans argent ni un seul endroit où dormir, au volant d’une auto qu'il conduit sans permis.

L’énergie et l’authenticité du jeune héros, auquel on s’attache immédiatement, sont le moteur du film qui, avec des dialogues simples avec peu de moyens, réussit à prendre le spectateur aux tripes et à lui faire ressentir le drame de ce jeune homme assoiffé d'amour (et partant, celui de sa mère aux prises avec son chaos mental), sans cependant négliger d'alléger l'ensemble avec des moments plus enlevés. L’obsession de Riccardino guide toute l'intrigue, et affronter la réalité est aussi douloureux qu'est inéluctable le choix qu'il va faire une fois devenu homme, pour trouver sa place dans le monde.

Il mio compleanno a été produit par Schicchera Production en association avec Media Flow. Le film a été développé et produit dans le cadre de la 12e édition (2023-2024) de Biennale College Cinema.

(Traduit de l'italien)