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IFFR 2025 Limelight

Critique : Merckx

par 

- Avec un documentaire constitué d’images d’archives, Christophe Hermans et Boris Tilquin dressent le portrait d’un homme hors normes, et aussi d’un sport et d’un monde en pleine mutation

Critique : Merckx
Eddy Merckx dans Merckx

Présenté dans la section Limelight du International Film Festival Rotterdam, Merckx est un documentaire réalisé par Christophe Hermans et Boris Tilquin qui dresse un portrait dense et intense de l’un des plus grands sportifs de l’histoire, le Belge Eddy Merckx. De Christophe Hermans, on connait le travail précis, entamé depuis deux décennies, qui chemine entre fiction et documentaire, observant le monde caméra au poing, comme dans son long métrage de fiction La Ruche [+lire aussi :
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, ou dernièrement les documentaires En attendant la deuxième vague et Des corps et des batailles, qui nous plongeaient au coeur d’une unité de soins intensif en pleine crise du Covid. Quant à Boris Tilquin, scénariste pour le cinéma et la télévision, il sortira bientôt son premier court métrage de fiction, Drosera. Tous deux ont entrepris d’aborder l’écriture documentaire à travers le langage très spécifique des images d’archives. Car ce qui fait la spécificité de Merckx comme biopic documentaire, c’est qu’il est exclusivement constitué d’images d’archives.

On y rencontre le jeune Eddy, alors qu’il n’est pas encore champion, mais rêve déjà du Tour de France. Espoir prometteur, il est déjà objet de toutes les attentions de la télévision, qui y voit une jeune graine à suivre. Par la magie de l’écriture, les interviews des parents et de la soeur d’Eddy sont montées pour raconter son enfance et sa jeunesse. L’étoffe d’un champion apparait alors même qu’il roule encore chez les amateurs. Mais très vite (dans le récit en tous cas, moins vite peut-être si on y plaque une grille de lecture contemporaine), sa carrière s’emballe, Eddy est recruté par une équipe italienne et fait ses premiers pas chez les professionnels, alors qu’il a déjà passé la vingtaine. Eddy domine, il est champion du monde, gagne trois Giro d’affilée. Une suprématie qui fait des jaloux. Alors qu’il s’apprête à réaliser son rêve en prenant d’assaut les routes de son premier Tour de France, un contrôle positif au dopage l’arrête dans son élan. Une machination, peut-être, sûrement, mais Eddy rebondit, comme il rebondira toute sa carrière, malgré les accidents et les coups du sort.

Car ce que nous raconte Merckx, au-delà du portrait d’un champion, c’est avant tout un incroyable récit de résilience, celui d’un homme qui ne lâche jamais le combat, même quand il n’a plus rien à prouver, même quand il n’a plus pour adversaire que lui-même. Un héros hors normes, aux contours délimités par une habile dramaturgie, qui multiplie les cliffhangers, et nourrit le suspense. Mais au-delà du destin singulier de Merckx, c’est aussi la peinture d’un sport en pleine mutation, qui se professionnalise. Et au-delà de la nostalgie provoquée par les images d’archives (ah, cette époque où on s’entrainait en plaçant son vélo sur des rouleaux pour faire défiler la route), c’est aussi un puissant écho avec le cyclisme d’aujourd’hui qui se répercute. En filigrane, le film évoque aussi la trajectoire d’un héros qui réunit une nation divisée, qui porte en lui toutes ses identités, notamment ses deux langues. C’est une petite histoire de la Belgique qui s’écrit dans Merckx - et accessoirement, des rapports qu’elle entretient avec son voisin français.

Merckx est produit par Kaos Films (Belgique). Le film sera distribué par Gusto Entertainment aux Pays-Bas, et O’Brother Distribution en Belgique, où le film sort le 26 février prochain.

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