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IFFR 2025 Compétition Tiger

Critique : In My Parents’ House

par 

- Dans le premier long de Tim Ellrich en solo, son talent transparaît, prometteur, mais le résultat final n'est pas particulièrement mémorable parce que le récit lui-même est assez prévisible

Critique : In My Parents’ House

Le premier film de Tim Ellrich en solo, In My Parents’ House [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Tim Ellrich
fiche film
]
, fait partie des films qui ont fait leur première mondiale dans le cadre de la compétition Tiger du Festival international du film de Rotterdam cette année.

L’intrigue, inspirée de la famille du réalisateur et mise en scène là où il vivait enfant, s'intéresse à une guérisseuse spirituelle appelée Holle ( Jenny Schily) qui traite des clients atteints de maladies sévères ou chroniques. Elle passe aussi beaucoup de temps à s’occuper de ses parents âgés  (incarnés par Ursula Werner et Manfred Zapatka), une responsabilité qui cause des tensions avec son partenaire Dieter (Johannes Zeiler). Quand sa mère est hospitalisée, suite à une chute, les complications se multiplient pour Holle. Elle doit en particulier songer à son frère Sven (Jens Brock), atteint de schizophrénie, qui vit depuis des années en isolement dans le grenier de ses parents.

Le travail d'Ellrich est très maîtrisé, discipliné et d’excellente facture, mais ses faiblesses sont évidentes. Sur le plan visuel, un choix laisse tout spécialement perplexe : la décision de tourner tout le film en noir et blanc. L'absence de couleurs crée généralement une sorte de distance ; elle favorise l’abstraction et "réduit" le flux d’informations transmises au public. Dans ce type spécifique de récit familial, clairement ancré dans un environnement contemporain, cette mise à distance dégage beaucoup de froideur et ne se justifie pas.

Le motif des soins apportés aux autres est scruté suffisamment en profondeur, mais pas plus. Bien que les responsabilités familiales et l'incommunicabilité soient des sujets auxquels une grande partie du public peut se rapporter, et que les nuances qu'ils trouvent ici soient réalistes, rien de particulièrement unique ne se dégage, et aucune strate de sens supplémentaire ne s'en trouve ajoutée. Aucun risque n'est pris et tout est prévisible, comme si le film s'inscrivait dans une sorte de "zone de confort" apollinienne, et non d'une force créative dionysienne.

Il faut reconnaître qu’il y a quelques étincelles prometteuses çà et là. Par exemple, l'approche raide qu'a Dieter des conventions sociales ainsi que les silences et crises d'hystérie de Sven sont douloureuses, mais captivantes à regarder. Ces bonnes intuitions témoignent du potentiel d'Ellrich et de son talent de metteur en scène naissant. Un autre point positif est que tous les comédiens livrent d’excellentes interprétations, et que presque chaque scène fonctionne prise indépendamment du reste. Même si les choix de cadrage et de mise en scène ne sont pas spécialement novateurs, leur côté statique et leur simplicité sont efficaces, dans une œuvre de ce type, qui compte beaucoup sur la subtilité. Les dialogues aussi sont tout à fait louables, toujours bruts et directs.

Malgré tout, le public risque de percevoir l'ensemble comme un travail bien exécuté mais qui manque d’énergie et qui a du mal à se démarquer, parmi tous les drames familiaux que le cinéma propose. De plus, l'arc narratif est bouclé un peu hâtivement, de sorte que le moment le plus désespéré du film survient quelques minutes avant le générique de fin, ce qui fait paraître la dernière scène très factice et peu naturelle par rapport à la manière dont l'histoire se développe.

In My Parents’ House a été produit par les sociétés allemandes elemag pictures GmbH, Port-Au-Prince Pictures GmbH et Coronado Film.

(Traduit de l'anglais)

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