email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IFFR 2025 Compétition Tiger

Critique : L’Arbre de l’authenticité

par 

- Le photographe et artiste visuel Sammy Baloji compose un film-essai qui plonge dans le passé colonial de la République démocratique du Congo et ses implications écologiques

Critique : L’Arbre de l’authenticité

Fidèle à sa tradition, l'IFFR continue d’intégrer des films-essais à son programme. Cette année, un de ces titres est L'Arbre de l'authenticité [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Sammy Baloji, qui a fait sa première mondiale dans la compétition Tiger de l’événement hollandais.

Sammy Baloji est surtout connu pour son travail photographique, dédié à d’exploration du l'histoire de Lubumbashi, sa ville natale, au XXe siècle, notamment les séries Mémoire, the Album et Kolwezi. Ce qui l'intéresse avant tout est le passé colonial du lieu à l'époque où il était gouverné par les Belges, le roi Léopold II dans un premier temps, puis l'Union Minière du Haut-Katanga.

L’Arbre de l’authenticité ne fait pas exception. Le photographe et artiste visuel compose ici un film-essai qui plonge au cœur du passé colonial de la République démocratique du Congo, et de ses implications écologiques. Le film s’ouvre sur un article du journaliste environnementaliste Daniel Grossman, où ce dernier parle de la découverte par le biologiste Koen Hufkens, de l'Université de Gand, de carnets tenus 1937 et 1958. Ces archives, initialement compilées par des chercheurs du laboratoire de biologie du bois de Yangambi, situé en plein bassin du Congo, documentent la capacité de la jungle d’absorber le dioxyde de carbone.

Le film, qui se compose de trois parties dont les voix off ont été confiées à Edson Anibal (qui joue l’agronome congolais Paul Panda Farnana, considéré comme le premier intellectuel du pays), Diederik Peeters (qui prête sa voix à l'ingénieur agronome Abiron Beirnaert) et Pierre Van Steene (guide touristique), combine témoignages personnels et analyses scientifiques pour rendre compte des effets durables de la colonisation belge, non pas seulement sur les vies humaines, mais aussi sur l’environnement.

L'assemblage proposé par Sammy Baloji dans ce film-essai est globalement bien fait, et le résultat est assez captivant vu sur grand écran. Cependant, le film s'appuie peut-être un peu trop lourdement sur des plans montrant des paysages et le rythme est trop contemplatif, ce qui peut entamer l’intérêt du spectateur. De plus, ce n’est pas une œuvre facile à suivre pour ceux qui ne connaissent pas déjà assez bien la RDC et son histoire de colonisation par les Belges. Quelques textes apparaissent à l'écran qui essaient de faciliter la tâche, mais ces informations ne suffiront probablement pas pour tous.

Par ailleurs, une approche un peu plus ludique de l'interaction entre la narration en voix off et les images aurait probablement bien servi le film. L'auteur tente un peu d'aller dans ce sens (sans tout à fait réussir) quand on entend, à la moitié du film, le témoignage de Beirnaert, qui remonte à 1941. Beirnaert a été le premier directeur du département huile de palme de l’Institut national pour l'étude agronomique du Congo belge de Yangambi. Ses propos portent sur la vie dans les colonies, l’exploitation des ressources locales et le thème du travail dans son ensemble. Ici, Baloji essaie d'entremêler les mots du scientifique avec des images de matériel, de travailleurs filmés aujourd’hui et des vues de grands espaces industriels vides.

Dans l’ensemble, L’Arbre de l’authenticité est un travail d'assez bonne facture sur l'histoire de la colonisation du Congo par les Belges qui sert de rappel des conséquences qu'emporte le fait de ne pas vouloir repenser notre relation avec la nature.

L’Arbre de l’authenticité a été produit par les sociétés belges Twenty Nine Studio & Production et Shelter Prod.

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy