10/02/2025 - En ces temps incertains, un grand nombre des courts-métrages primés à la 47e édition de l'événement français traitent de guerre, de mémoire et de désir de paix

Ce qui est ressorti clairement du 40e anniversaire du Marché du film court de Clermont-Ferrand, c'est que le secteur est conscient d'avoir devant lui des temps difficiles. Dans ce contexte économique et politique compliqué, le sentiment qui domine est que l’industrie du court-métrage n'est pas une priorité pour les financeurs et les décideurs politiques, qui ne mesurent pas son importance dans le grand écosystème qu'est le secteur du cinéma dans son ensemble.

Ceci dit, le 47e Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand a également été porteur d'espoir. Avec plus de 4100 professionnels accrédités par le marché, les affaires semblent être allées bon train, et le secteur a manifestement envie de travailler de concert pour affronter ensemble les défis à venir, mais surtout, et c'est le constat clef : le festival a souligné la vitalité du médium qu'est le court, enregistrant plus de 173 000 entrées pour voir les centaines de courts-métrages des quatre coins du monde au programme, dont certains ont même reçu des prix lors de la cérémonie qui a clos l'événement samedi.

Le Grand Prix international est allé au film australien Le Poids du silence de Damian Walshe-Howling. À Sydney en 1979, des mouvements de protestation virulents ont éclaté partout dans la ville, après que des immigrés croates se soient mobilisés contre la Yougoslavie. Marina, de naissance croate, essaie de vivre sa vie et a même une liaison secrète avec un Australien, mais la politique va vite envahir la vie de sa famille, pour des résultats dévastateurs. Ce film de Walshe-Howling est un document partiellement historique filmé avec un sentiment d’urgence et de vérité, mais c'est aussi une démonstration percutante de la persistance, encore de nos jours, des attitudes bigotes, ainsi qu'un rappel des raisons qui font que le cycle de la violence et de l’intolérance peut être difficile à briser.

Le Prix spécial du jury est allé au film canadien Mercenaire, un travail cru sur un ancien détenu qui, n'ayant d'autre choix que de travailler dans un abattoir, lutte contre sa violence intérieure. Le prix du meilleur court d'animation est allé au documentaire animé Je suis morte à Irpin d'Anastasiia Falileieva (République tchèque/Slovaquie/Ukraine). Ce film, dont l’héroïne et son petit ami fuient Kiev pour rallier Irpin après l'invasion par les Russes, est une évocation puissante et sombre de l'instinct de survie de gens qui sont obligés de rationaliser les horreurs de la réalité à laquelle ils font face. Le Prix du public a récompensé est allé à Upshot (Palestine/France/Italie), où Maha Haj montre que la guerre a bien des manières d'avoir des conséquences dévastatrices.

La European Film Academy a choisi comme candidat pour une nomination au prix du meilleur court-métrage à la prochaine édition des European Film Awards le film britannique Un ours se souvient de Zhang & Knight. Dans le film, un garçon essaie de trouver la source du son métallique qui hante son village. Quand il partage les images qu'il a filmées avec une vieille dame, celle-ci se met à se remémorer un ours qui rôdait dans les collines environnantes, quand elle était enfant.

Le Grand Prix de la compétition nationale a été décerné à Généalogie de la violence de Mohamed Bourouissa. Ce film, où il est fait usage de différentes techniques, propose un examen expérimental de l'histoire d'un jeune qui se fait arrêter pour un contrôle d’identité de routine. De ce travail, qui esquive le réalisme qu'on attend habituellement de ce genre de film, se dégage un sentiment d’urgence sombre par rapport à la diabolisation permanente de certaines communautés. Le Prix spécial du jury est allé à Oh Maybe Not Tonight de Kim Fino (France/Canada), où une fille se retrouve dans un lieu inconnu. La tragédie absurde Deux personnes échangeant de la salive, d'Alexandre Singh et Natalie Musteata, a raflé le Prix du public.

Le programme Labo a accordé son Grand prix au film mexicain Aferrado d'Esteban Azuela, et le Prix spécial du jury a été remis au documentaire animé La Nef des fous d'Alia Haju (Allemagne/Liban), sur deux personnes qui essaient de comprendre ce qui se passe à Beyrouth. Le prix du public a primé Ni Dieu ni père de Paul Kermarec (France), un "documentaire de fiction", pour reprendre les termes choisis par son auteur, qui enquête sur la relation intime et peu commune qu'a un jeune homme avec le net.

Liste complète des gagnants :

Compétition internationale

Grand Prix
Le Poids du silence - Damian Walshe-Howling (Australie)

Prix spécial du jury
Mercenaire - Pier-Philippe Chevigny (Canada)

Prix d’interprétation
Ingvar E. Sigurðsson – O (Islande/Suède)

Mentions spéciales
En route - Samir Karahoda (Kosovo)
Tayal Forest Club - Laha Mebow (Taïwan/États-Unis)
My Brother, My Brother - Abdelrahman et Saad Dnewar (Égypte/Allemagne/France )
Jacaré - Victor Quintanilha (Brésil)

Prix du meilleur film européen - Candidature aux European Film Awards
Un ours se souvient - Zhang & Knight (Royaume-Uni)

Prix du meilleur court d'animation
Je suis morte à Irpin - Anastasiia Falileieva (République tchèque/Slovaquie/Ukraine)

Prix du public
Upshot - Maha Haj (Palestine/France/Italie)

Prix étudiant
Vox Humana - Don Josephus Raphael Eblahan (Philippines/États-Unis/Singapour)

Compétition nationale

Grand Prix
Généalogie de la violence - Mohamed Bourouissa (France)

Prix spécial du jury
Oh Maybe Not Tonight - Kim Fino (France/Canada)

Prix d’interprétation
Philippe Rebbot - Mort d'un acteur (France)

Mention spéciale
Apocalypse - Benoît Méry

Prix de la musique originale 
Fredrika Stahl - Soleil gris (France/Belgique)

Prix du public
Deux personnes échangeant de la salive - Natalie Musteata et Alexandre Singh (France/États-Unis)

Prix étudiant
Le Diable et la bicyclette - Sharon Hakim (France/Liban)
Mention spéciale
43° à l'ombre - Pauline Bailay (France)

Compétition Labo

Grand Prix
Aferrado - Esteban Azuela (Mexique)

Prix spécial du jury
La Nef des fous - Alia Haju (Allemagne/Liban)

Mentions spéciales
Dimanche en famille - Gerardo del Razo
Memories of an Unborn Sun - Marcel Mrejen

Prix du public
Ni Dieu ni père - Paul Kermarec (France)

Prix étudiant
Wamè - Joseph Gaï Ramaka (Sénégal/France/Maroc)
Mention spéciale
La Nef des fous - Alia Haju

Autres prix

Prix Canal+/Ciné+ OCS
Un ours se souvient - Zhang & Knight

Prix Canal+
Deux personnes échangeant de la salive - Natalie Musteata et Alexandre Singh

Prix Procirep du/de la producteur/trice de court métrage
L'Homme de merde - Sorel França (France)

Prix du Queer métrage
Are You Scared to Be Yourself Because You Think That You Might Fail? - Bec Pecaut (Canada)

Prix du Queer métrage (mention spéciale)
Big Boys Don't Cry - Ambroise Rateau (France)

Prix des effets spéciaux par Adobe
Généalogie de la violence - Mohamed Bourouissa

Prix Festivals Connexion
Sortir du nid de coucou - Nikola Ilić (Suisse)

Prix Evaveo du meilleur film XR
In Pursuit of Repetitive Beats - Darren Emerson (Royaume-Uni)

Prix SACD du meilleur film d'animation francophone
Le Pantin et la baleine - Roberto Catani (France)

Prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction
L'Homme de merde - Sorel França

Prix du meilleur film documentaire
Sortir du nid de coucou - Nikola Ilić

Prix du rire "Fernand Raynaud"
Mort d'un acteur - Ambroise Rateau

Bourse des festivals
La Cure thermale - Joséphine Ha (France)
Production : Dimanche Soir

Prix CNC Talent meilleur court pour internet 
Anechoic - Enzo Croisier (France)

Bourse CNC Talent
Bâtardes glorieuses - Camille Giry et Justine Lossa (France)

Prix Canal+ Kids
Eureka! - Kris Borghs (Belgique)
Mention spéciale du jury coup de cœur
Une guitare à la mer - Sophie Roze (France/Suisse)

(Traduit de l'anglais)