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BERLINALE 2025 Panorama

Critique : Home Sweet Home

par 

- BERLINALE 2025 : Frelle Petersen dépeint le métier d'aide-soignant pour personnes âgées comme une profession ingrate mais importante à travers le regard d'une jeune mère de famille qui l'exerce

Critique : Home Sweet Home
Karen Tygesen (à gauche) et Jette Søndergaard dans Home Sweet Home

Le travail invisible, le travail sous-évalué : c'est ce dont parle le réalisateur danois Frelle Petersen dans son quatrième film, Home Sweet Home [+lire aussi :
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, qui vient de faire sa première dans la section Panorama de la 75e Berlinale. Ce titre de près de deux heures, écrit, réalisé et monté par Petersen, présente un portrait, fictionnel mais a priori fidèle à la réalité, de jeunes gens qui travaillent dans le secteur des soins à domicile aux personnes âgées – un travail qui a ses petites joies, bien sûr, mais dont on voit surtout ici les intenses responsabilités qu'il emporte, et qui laissent très peu de place à l’erreur car le cas échéant, les gens se plaignent, à moins que ce soit le patient qui en subisse les conséquences. Petersen continue donc dans la fiction après son film précédent, Forever [+lire aussi :
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, qui a fait sa première mondiale en compétition à San Sebastien.

Sofie (Jette Søndergaard, qui a figuré au casting des quatre films qu'a faits Petersen), jeune mère d'une fille de dix ans, jongle de facto entre trois professions : aide-soignante à domicile pour les personnes âgées, depuis peu, prof de gym et maman de Clara (Mimi Bræmer Dueholm), dont elle partage la garde avec son ex-mari. Home Sweet Home s'intéresse surtout à la première de ces activités, couverte pour les patients par la sécurité sociale. C'est un métier très régenté où chaque tâche est mesurée en minutes, qui force par ailleurs les travailleurs à gérer non seulement les aspects peu plaisants des soins, mais aussi quelques épisodes moins fréquents, mais éprouvants : des éclats de colère, des situations où on fait peu de cas de leurs efforts, des comportements grossiers de la part des enfants adultes des personnes âgées en question.

Le rythme choisi par Petersen souligne l’immense monotonie de ce travail, mais un tempo lent, même intentionnellement, peut frustrer certains spectateurs. Bien que les éléments dramatiques du quotidien de Sofie se multiplient en milieu de film, le réalisateur cherche tant à insister sur la nature impitoyable de son travail qu'on sent moins de proximité affective. On a droit à peu de vrais moments avec Sofie seule, par exemple, juste pour voir les choses depuis sa perspective. Ceci est peut-être encore aggravé par l’approche distante de Petersen par rapport à tous ses personnages : ils sont tous soigneusement observés dans leur environnement (par la caméra du chef opérateur Jørgen Johansson), mais le spectateur reste sur sa faim au niveau émotionnel.

Si elle noue des liens étroites avec plusieurs des vieillards dont elle s'occupe – notamment Else (Karen Tygesen), Grethe (Inger Sophie Andersen), Vera (Christa Paulsen), Per (Henry Sørensen), pour en citer quelques uns –, Sofie se heurte à Frederick, un collègue paresseux qui ne s’occupe pas de ses patients comme il le devrait. Elle est agréable et pleine de compassion, et on est dès le départ en empathie avec ses soucis et son parcours émotionnel, mais comme personnage, elle n'est pas vraiment mémorable, de sorte que chaque épisode, qui correspond à ses visites à domicile, semble plus long qu'il ne l'est vraiment. Home Sweet Home, parfois laborieux mais jamais lent, livre en somme un tableau d'un corps de métier qui tend à submerger vite ceux qui en font partie. La description qui en est faite est assez solide pour porter le film jusqu'au bout, mais elle ne traduit pas, hélas, le sentiment d'urgence qui serait nécessaire pour captiver pleinement le spectateur, au vu de sa durée.

Home Sweet Home a été produit par le société danoise Zentropa Entertainments. Les ventes internationales du film sont gérées par TrustNordisk.

(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 16/02/2025 : Berlinale 2025 - Home Sweet Home

8 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Frelle Petersen
© 2024 Dario Caruso for Cineuropa - dario-caruso.fr, @studio.photo.dar, Dario Caruso

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