17/02/2025 - BERLINALE 2025 : Hélène Cattet et Bruno Forzani présentent un film d'espionnage baroque avec des coups de théâtre délirants qui est à la fois amusant et épuisant pour le spectateur

L’expression "film d’espionnage spaghetti" n’existe pas, mais il faudrait l'inventer juste pour Reflet dans un diamant mort [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Hélène Cattet & Bruno Forz…
fiche film], le quatrième métrage d'Hélène Cattet et Bruno Forzani. Lesdits spaghettis devraient du reste être consommés avec une fourchette à 007 dents et servis sur une planche de bande dessinée. Si cette description semble un peu excessive, c’est qu’il convient d'emballer d’une série de phrases alambiquées et hautes en couleur tout discours sur le candidat belge à l'Ours d'or du 75e Festival de Berlin. L’affection du duo Cattet-Forzani pour le cinéma de genre et leur style particulier sont certainement un carburant explosif, ce qui fait du visionnage de ce film une folle virée excitant pour certains, et fatigant pour d’autres. De fait, il vaut mieux soit accepter les conditions générales proposées par les conducteurs, soit sauter tout de suite hors du véhicule.

De quoi s'agit-il donc, dans ce drôle d'objet filmique ? En bref, le film parle d'un septuagénaire (Fabio Testi) vivant dans un hôtel de luxe, dans le sud de la France, avec pour seule compagnie les cocktails qu'il s'envoie à longueur de temps et les échos de sa gloire passée. Un jour, la vue d'une femme étendue sur la plage qui prend le soleil et que les vagues salées viennent caresser l'amène à revisiter ses souvenirs. Il se rappelle l'époque où il était au sommet de sa carrière d'espion international, dans les années 1960 : un mélange intense de violence sanguinolente, de tension sexuelle et de traque d'une femme mystérieuse cachée derrière un masque.

L’intrigue est éclatée en mille morceaux comme du verre, et c’est délibéré. Cela pourrait représenter la structure à plusieurs facettes d’un diamant (un objet clef dans l'intrigue d’espionnage), mais pas nécessairement. Il est tout aussi possible que cette forme reflète la manière dont certains esprits vieillissants fonctionnent quand ils mettent à cesser de raisonner, la tête froide, pour adopter une logique fondée sur les associations et les émotions.

À mesure que Reflet dans un diamant mort progresse, à un rythme sauvage et tout en citant d’autres films, on voit clairement à quel point ces récits peuvent être ramenés à une guerre des sexes (et non une guerre entre le mal et le bien). La violence, exagérée, intéresserait probablement Dario Argento, mais elle paraît tout de même choquante et étouffante, comme un cauchemar dont on ne peut se réveiller. On ne peut ici être certain d'avoir ici affaire à un commentaire délibéré sur cet aspect du pulp et de la pop culture, ou juste à une des nombreuses lectures que permet tout naturellement cette histoire, du fait de son abondance en détails et de sa structure très lâche. Les doutes de cet acabit sont permis, sur de nombreux aspects de l’histoire, mais encore une fois, ce n’est pas vraiment un problème, notamment parce que le montage, régulier et bien rythmé, facilite le contact avec ce film fou et intense pour le spectateur. Dans un monde où les hommes portent des borsalinos et les femmes des masques en cuir sur le visage, rien n'a vraiment besoin d’être sérieux ou définitif.

Reflet dans un diamant mort a réuni les efforts de la Belgique, du Luxembourg, de l'Italie et de la France. La production a été pilotée par Kozak Films, en coproduction avec Les Films Fauves, Dandy Projects, Tobina Film, Savage Film et To Be Continued. Les ventes internationales du film sont gérées par True Colours.

(Traduit de l'anglais)

Galerie de photo 17/02/2025 : Berlinale 2025 - Reflection in a Dead Diamond

23 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

{0} sur {1}

Fabio Testi, Yannick Renier, Koen De Bouw, Maria de Medeiros, Thi Mai Nguyen
© 2024 Dario Caruso for Cineuropa - dario-caruso.fr, @studio.photo.dar, Dario Caruso