Critique : Tales from the Magic Garden
par Vladan Petkovic
- BERLINALE 2025 : Ce film en stop motion de David Súkup, Patrik Pašš, Leon Vidmar et Jean-Claude Rozec aborde le sujet de la mort et rend l'expérience étonnamment vivante, captivante et instructive

L’animation est-européenne, dont la tradition longue et riche est activement ravivée à travers des initiatives comme CEE Animation, va de succès en succès, le dernier exemple en date étant Flow [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Gints Zilbalodis
interview : Tapis rouge @ European Fil…
fiche film], qui a remporté un European Film Award et fait partie des nominés pour le Prix LUX du public. Certains titres, comme le film d’animation pour adultes White Plastic Sky [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Tibor Bánóczki, Sarolta Sz…
fiche film] en 2023, parviennent même à faire leur première mondiale à des événements comme le Festival de Berlin, C'est le cas de Tales from the Magic Garden [+lire aussi :
interview : David Súkup
fiche film], qui vient d’être présenté dans la section Generation Kplus du festival allemand.
Ce long-métrage, tiré du recueil de nouvelles Of Unwanted Things and People de l’auteur tchèque Arnošt Goldflam, a pris huit ans pour voir le jour. Le fait que cette anthologie coréalisée par le Tchèque David Súkup, le Slovaque Patrik Pašš, le Slovène Leon Vidmar et le Français Jean-Claude Rozec fonctionne si bien comme un tout homogène n'est est que plus impressionnant.
Cette animation en volume à partir de marionnettes parle de mort et de deuil et de la force des récits, qui peuvent même avoir un effet guérisseur. Ce n’était pas un choix de sujet évident pour un film pour enfants, mais le risque s'avère payant : c’est une œuvre magnifique à travers laquelle les enfants peuvent apprendre des choses sur la mort, la tristesse, l’espoir, l’amour, la compassion, l’empathie, l’amitié et la créativité de la manière la plus douce qui soit. Pour les parents aussi, souvent happés par les exigences du quotidien, le film contient des rappels importants.
L'ensemble de l'anthologie et un segment tout spécialement concerne trois enfants, Tom (4 ans), Susan (8 ans) et Derek (10 ans), qui rendent visite à leur grand-père malade après la mort de la grand-mère, qui leur racontait toujours des histoires, non sans enlever, avant, son chapeau de paille en leur demandant d'y "jeter" trois ingrédients. Une fois que les enfants avaient composé leur liste, mamie remettait son chapeau de conteuse et les transportait dans des univers magiques. À présent, c’est Susan, une petite rousse vivace, qui reprend ce rôle.
Dans le premier segment, qui est aussi le plus intéressant sur le plan artistique, deux enfants sauvent un chat de la rue, chat qui se transforme, après que leurs parents sont renversés par un camion (hors écran, et l'accident ne les tue apparemment pas), en une gentille vieille dame, une "tantine" qui leur évite d’être envoyés dans un foyer d'accueil pour enfants.
Dans la deuxième partie, narrativement complexe, deux garçons découvrent un jardin magique dans une forêt hantée. Une vieille femme qui vit là a une bête qui se nourrit de trognons de pomme, mais le plus sensible des garçons va se rendre compte que ce n’est pas si effrayant, après tout. La dame raconte une "histoire à l’intérieur de l’histoire" sur l’amour de sa vie, désormais bien lointain, dans un style d’animation différent, en 2D, qui apparaît dans des teintes très différentes imitant les bandes dessinées d'antan.
Dans la dernière partie, plus sentimentale et colorée, un vieil homme bougon découvre qu’il peut voler quand il se souvient de l’époque heureuse passée avec feu sa femme, à laquelle il va parler tous les jours au cimetière. Il finira par rejoindre un groupe d’oiseaux qui s'éclate dans le ciel, du moins en imagination.
Les différents styles visuels des segments, conçus par Rozec et l’animatrice espagnole Patricia Ortiz Martínez, sont assez similaires pour qu’on passe de manière fluide d’une histoire à l’autre. C’est une animation attrayante, vive, mais pas trop mignonne non plus, bien en accord avec son sujet assez sombre. L’équilibre est parfait : les jeunes spectateurs seront forcément captivés par ces histoires inventives qui leur permettront d'avoir une vision saine et positive de l'inévitabilité de la mort, et de comprendre qu'elle peut justement constituer un élan vers l’espoir et le recommencement. Pour les parents, le film peut aider à faciliter des conversations avec leurs enfants qu'ils appréhendent.
Tales from the Magic Garden a été coproduit par Maur Film (République tchèque), Artichoke (Slovaquie), ZVVIKS (Slovénie) et Vivement Lundi! (France). Les ventes internationales du film ont été confiées à New Europe Film Sales.
(Traduit de l'anglais)
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.