email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2025 Compétition

Critique : Mother’s Baby

par 

- BERLINALE 2025 : Johanna Moder compose un thriller inquiétant sur une mère qui n'arrive pas à établir un lien avec son nourrisson, mais n'a pas le courage de pousser la chose jusqu'au bout

Critique : Mother’s Baby
Marie Leuenberg dans Mother's Baby (© Freibeuter Film)

"Bébé à sa maman, peut-être à son papa" : voilà le vieux dicton que le Docteur Vilfort (Claes Bang), gynécologue, cite quand Julia (Marie Leuenberger) vient le voir, mais dans son cas à elle, la situation est inversée. Si son mari Georg (Hans Löw) a joyeusement accepté le nourrisson dans la famille, elle a du mal à voir son fils (encore sans prénom) comme étant le sien. Est-il vraiment à elle ? Est-ce qu’il a été échangé ? Ne pourrait-il pas être le produit effrayant d’expérimentations auxquelles la clinique du Docteur Vilfort l'a amenée à consentir ?

C’est de cette prémisse que part Mother's Baby [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Johanna Moder
fiche film
]
de Johanna Moder, qui vient de faire sa première en compétition au 75e Festival de Berlin. Au début, on a l’impression que Moder cherche à bâtir un thriller psychologique à partir des émotions compliquées de la maternité et du post-partum. Quand on rencontre le couple Julia-Georg, ils n’arrivent pas à concevoir, et c’est pour ça qu’ils se tournent vers la petite clinique isolée du Docteur Vilfort. Ce palais de bois et de verre juché sur une montagne, qui surplombe le bassin de Vienne, évoque immédiatement une maison hantée, mais Moder ne pousse pas non plus l'idée jusqu’à ses extrêmes. Pour le moment, elle préfère rester ancrée dans la réalité de l’horreur, la douleur et l’anxiété qui possède cette mère.

Car très vite, Julia se retrouve enceinte, et prête à mettre sa carrière comme chef d'orchestre en pause pour devenir la mère qu’elle a toujours rêvé d'être, mais dès que le travail commence en salle d'accouchement, les choses tournent mal : le bébé ne vient pas, et le cordon ombilical est entortillé autour de son cou. Avec toute une armada d'infirmières réunies autour de la sage-femme, Gerlinde (Julia Franz Richter), elle arrive enfin à donner vie à l’enfant. Hélas, il est immédiatement emmené par le personnel hospitalier, à cause de complications. Julia et Georg restent seuls, sans aucune idée de ce qui se passe, dans le chaos et l'émotion de cette naissance difficile. Quelques jours plus tard, quand Julia a enfin la possibilité de voir son bébé, elle n'arrive pas à se connecter à lui. "Il est tellement tranquille", explique-t-elle a ses amis. Il est vrai que l'enfant ne pleure pas, ne semble pas souffrir et n’a jamais faim. "Tu préférerais avoir un bébé qui hurle ?, lui demande Georg, impatient. Mais ce n'est pas ça qui pose un problème à Julia. "Tu voulais un enfant", repète son compagnon. "Pas celui-ci", répond-elle.

Ce qui pique toutefois son intérêt, c’est la fascination du Docteur Vilfort pour l'axolotl, une salamandre mexicaine qui a des capacités de régénération et sur laquelle des expériences à partir de cellules souches sont apparemment menées. Le Docteur Vilfort envoie même à Julia un animal de ce type, en guise de cadeau. Son fils, l’enfant pour lequel elle n’a toujours pas de nom, est-il le résultat d'une expérience ? Est-ce que son comportement de bébé parfait et son absence de souci physique, depuis la naissance, est la conséquence du fait qu'il a été fabriqué dans une éprouvette et non dans son utérus ?

C’est un concept prometteur, mais Moder évolue trop timidement autour de son idée. Ses efforts pour critiquer une société qui veut que les femmes fonctionnent parfaitement après une naissance sont appréciables, mais sa tentative de mettre aussi en avant le fait que les mères ont toujours la plus grosse part du travail à faire et qu'elles sont souvent obligées d'abandonner leur carrière est un argument un peu court. Le spirale descendante dans laquelle est happée Julia, ses hallucinations de plus en plus fréquentes et une affreuse découverte qu’elle fait à la clinique ne fonctionnent pas aussi bien ensemble qu'on aurait pu 'espérer. Au bout du compte, Moder propose des idées formidables, mais craint un peu trop de plonger pleinement dans leur potentiel.

Mother’s Baby a été produit par la société autrichienne Freibeuter Film, la suisse Tellfilm et l’allemande The Match Factory Productions. Les ventes internationales du film sont assurées par The Match Factory.

(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 19/02/2025 : Berlinale 2025 - Mother's Baby

16 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Johanna Moder, Marie Leuenberger, Hans Löw, Claes Bang, Julia Franz Richter
© 2024 Dario Caruso for Cineuropa - dario-caruso.fr, @studio.photo.dar, Dario Caruso

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy