email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2025 Forum

Critique : Our Time Will Come

par 

- BERLINALE 2025 : Ivette Löcker brosse le portrait d'un couple qui s'écroule face au racisme et à la discrimination qui sont monnaie courante à Vienne

Critique : Our Time Will Come

Le ton positif du titre du documentaire d'Ivette Löcker, Our Time Will Come [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, tient plus au vœu pieux qui s'y exprime qu'à quelque certitude que ce soit par rapport au futur. Dans ce film, la réalisatrice autrichienne suit sur plus d'un an les efforts d'un couple (Siaka Touray et Victoria Preuer) pour trouver une stabilité dans la vie, et l'opportunité de fonder une famille en Autriche, Sakia étant un réfugié sans papiers venu de Gambie, qui subit le racisme des locaux et travaille dans des conditions précaires. Löcker accompagne le couple aux rendez-vous au centre pour demandeurs d’emploi, quand ils vont rendre visite à la famille et même quand ils se disputent, ce qui arrive très rarement, car la présence est de la caméra se fait clairement sentir dans ce film, qui a fait sa première mondiale dans la section Forum du Festival de Berlin.

Dans une longue séquence très tendue qui survient au milieu de Our Time Will Come, Siaka et Victoria se disputent par rapport au contenu du film de Löcker, plus précisément à ce qui devrait y être représenté. Quand Siaka lui rappelle que c'est un film "sur notre histoire, notre souffrance et nos bons moments", Victoria répond qu'elle est chagrinée qu'il n'intègre pas davantage leurs moments heureux en tant que couple. Une telle affirmation pourrait sembler une question de fierté et de vanité, mais dans le contexte du film, ça en dit en fait long sur le poids des discriminations et l’enfer bureaucratique avec lesquels ils sont forcés de composer. En terme d’histoire de réfugiés, le spectateur pourrait se dire que ce couple a la vie "plus facile" que d’autres, mais la souffrance des gens ne se mesure pas. Il est très rare de voir un homme comme Siaka parler aussi ouvertement de sa douleur et de sa santé mentale : il est en effet déchiré entre sa famille qui meurt de faim en Gambie et une société viennoise certes polie, mais qui le maintient à distance.

Our Time Will Come est le portrait d’une relation, un film ciselé avec patience, sans prétention. Au début, il n'essaie même pas de vaincre la gêne de Siaka et Victoria : il les laisse être, au lieu d’essayer d’appliquer l'idée (illusoire) qu'on peut se faire d'un documentaire comme devant représenter le point de vue d'une "mouche sur le mur". Löcker garde ses distances, mais par respect, pour laisser ses deux sujets discuter et faire de chaque scène ce qu’ils veulent, que ce soit intime ou pas.

De fait, le film change à mi-parcours, mais le glissement se fait peu à peu, s'adaptant au rythme du couple, un rythme qu'ils ont dû trouver au fil du tournage en s'habituant à la caméra. Avoir de la patience est capital pour trouver sa place et dans la pratique du cinéaste, mais c’est aussi un luxe – un fait qui est rendu très tangible par l’approche de Löcker et son refus de prendre la main ou de raconter l’histoire de Victoria et Siaka d’une manière qui serait conventionnellement "cinématographique", parce que l’amour et la liberté sont des droits humains.

Our Time Will Come a été produit par la société autrichienne KGP Filmproduktion. Les ventes internationales du film sont assurées par sixpackfilm.

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy